C'est l'image d'une institution dont les responsables sont démissionnaires qu'offre depuis quelques jours l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, où les étudiants multiplient les actions de protestation et l'administration continue de faire semblant de n'avoir rien vu et entendu. Il suffit sans doute de se rendre au département de français, situé à quelques dizaines de mètres du siège du rectorat, dans le campus de Hasnaoua, pour constater de visu à quel point le malaise est profond et surtout jusqu'où les responsables peuvent aller dans leur fuite en avant. Dans ce même département de français, ce sont des étudiants observant une grève de la faim depuis maintenant trois jours qui nous ont accueillis, hier, dans le bureau du chef du département qui, lui, a été “chassé” depuis le début du mouvement de grève qui ne date pas, à vrai dire, de trois jours mais de trois mois. “Du gel des cours on a préféré passer à d'autres actions dont cette grève de la faim”, nous explique un des quatre étudiants concernés. “C'est juste un changement de stratégie, mais sinon nous n'allons pas mettre un terme à notre mouvement de grève et pour une durée illimitée”, ajoute un autre avant d'expliquer que le malaise est très profond. Ni salles pour les cours ni enseignants et encore moins une écoute de la part de l'administration ne sont disponibles pour bien achever normalement le cursus entamé. “Ils nous disent qu'il n'y a pas d'enseignants, mais d'un autre côté, ils ont gelé l'école doctorale ; alors nous comprenons qu'à long terme, le département de français se dirige droit vers la fermeture”, ont expliqué les membres du comité des étudiants du département de français qui ne sont pas, à vrai dire, les seuls à souffrir le martyre puisque chaque jour de nouveaux départements se joignent au mouvement de protestation. S. L.