La question de Gaza ne pouvait évidemment pas être occultée surtout que tout au long des 22 jours qu'a duré le massacre des Palestiniens, Amrou Khaled, à l'instar de la quasi-majorité de ses condisciples, avait observé le silence. La première visite en Algérie de la star cathodique des prédicateurs religieux, l'Egyptien Amrou Khaled, sonnait plus comme un coup de pub qu'une rencontre académique comme présentée par l'institution qui l'a invité, le Haut Conseil islamique. Alors que l'intitulé de la conférence-débat qu'il a animée, “Les réformateurs et la renaissance de la oumma”, mardi après-midi à l'hôtel El-Aurassi, devait intéresser plus d'un, surtout parmi ses nombreux fans, les trois heures et quart de sa durée (15h30-18h45) ont été essentiellement consacrées à des messages non dénués de démagogie ni d'auto-pub, avec de surcroît plein de ratages. Amrou Khaled a répété à satiété qu'il allait lancer prochainement une nouvelle émission (sans préciser sur quelle chaîne) en invitant les présents (parmi lesquels il y avait plus de femmes que d'hommes) à la suivre en force. Son message était tellement clair que le titre de son émission était par hasard le sujet de sa conférence, “les réformateurs” ! Cette rencontre d'Alger a été aussi une occasion pour le prédicateur BCBG de revenir sur les nombreuses accusations dont il est accablé quant aux cachets qu'il exige pour chacune de ses apparitions à la télé : “Je tiens à préciser que tout ce qui se dit sur moi de ce côté est faux”, a-t-il précisé. Et d'ajouter : “Je suis venu à Alger sans rien exiger du tout. Tout ce qui se dit sur moi est faux. Je ne prends aucun argent pour mes conférences ni même mes interviews. Je ne suis payé que pour mes émissions.” Une déclaration qui semble être démentie à l'information donnée, il y a quelques mois par Forbes Arabia magazine, selon laquelle Amrou Khaled est le plus riche des prédicateurs religieux arabes avec des revenus de 2,5 millions de dollars. La question de Gaza ne pouvait évidemment pas être occultée surtout que tout au long des 22 jours qu'a duré le massacre des Palestiniens, Amrou Khaled, à l'instar de la quasi-majorité de ses condisciples, ne s'était pas fait très visible. Plusieurs intervenants ont voulu le relancer sur le sujet mais à chaque fois, il répondait par des formules vagues. Il a fallu attendre près de trois heures pour qu'enfin il se fasse plus ou moins précis : “Vous ne m'avez pas vu au troisième jour sur Al-Jazeera !” dira-t-il à un journaliste. “J'avais dit clairement que le monde entier doit affirmer sans équivoque que c'était du terrorisme. J'avais participé après à plusieurs conférences dans cinq pays et devant 200 000 présents pour lancer des messages d'espoir et ne pas désespérer”. Pour montrer aussi son soutien à Gaza, il a annoncé que son émission (il ne pouvait pas s'en empêcher) allait recevoir deux jeunes de Gaza sur les 16 qui vont y participer. Question ratages, Amrou Khaled ne s'en est pas privé. En voulant mettre l'accent sur les grandes figures de l'Algérie, il n'a pas trouvé mieux que de citer… Okba Ibn Nafa ou encore Ibn Khaldoun (pour les cinq mois passés à Tiaret !) en omettant tous les autres. Même sur ses références religieuses, le prédicateur égyptien s'est planté. Il a parlé de Cheikh Chafiî, fondateur d'un des quatre courants de l'école sunnite (courant prédominant en Egypte) en omettant de citer Cheikh Malek (en Algérie, on applique le rite malékite). Une omission qu'il a tout de même avouée à la fin de la rencontre. À propos de la situation en Algérie, Amrou Khaled n'a pas voulu trop s'étaler sur le terrorisme et la réconciliation nationale. Ne voulant pas visiblement trop se mouiller, il s'est contenté de réponses vagues et fuyantes du genre “l'islam a été toujours contre la violence et l'intégrisme” ou encore en utilisant des métaphores loin d'être convaincantes. Salim Koudil