Une société civile contre les vetos du Conseil de sécurité de l'ONU. C'est l'un des objectifs principaux que se sont lancés les participants à un colloque international organisé hier à l'hôtel Hilton, à Alger. Intitulée “Les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis à Gaza : documentation matérielle et qualification juridique pour une action pénale internationale”, cette rencontre qui durera deux jours se veut une revisite des derniers massacres perpétrés par les hordes israéliennes contre la population palestinienne. Organisée par la CNCPPDH (Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme) en collaboration avec la CSCAASG (Coordination de la société civile algérienne d'action et de solidarité avec Gaza), cette rencontre a débuté par les interventions remarquées de l'ex-ministre de la Solidarité, Saïda Benhabylès (et aussi membre de la CSCAASG) et du doyen des invités européens présents dans la salle, un ex-ambassadeur français, Pierre Lafrance. L'ex-sénatrice a prononcé un véritable réquisitoire contre la communauté internationale à qui elle a reproché son “silence complice” devant les atrocités d'Israël. Elle a aussi évoqué le terrorisme et l'amalgame fait autour. “Combattre le terrorisme, c'est aussi combattre les terrorismes d'Etat tel celui d'Israël”. Elle a ajouté une autre phrase dirigée contre La France avec un “si les résistants palestiniens sont des terroristes alors Jean Moulin (résistant français contre le nazisme, ndlr) l'est aussi. Se référant au texte qu'a envoyé le sociologue suisse Jean Ziegler à l'occasion de ce colloque, Benhabylès s'est montrée optimiste pour que le Conseil de sécurité puisse ouvrir une enquête même s'il y a un veto”, mais tout dépend de la mobilisation de la société civile internationale tout en indiquant qu'“il faut contribuer à son (société civile : ndlr) évolution en force de pression contre l'occupation et l'impunité”. Un appel qu'on espère se verra “étalé” sur la scène locale surtout que la société civile est loin de refléter la vraie image du pays. Pierre Lafrance a abordé la “longévité” du droit international qui “est une œuvre en cours qui se constitue depuis des siècles”. En abordant les agressions israéliennes, le diplomate français a commencé par énumérer les accusations d'avant les attaques en citant pêle-mêle la transformation de Gaza en prison à ciel ouvert, la construction des murs et le développement des colonies de peuplement sur les territoires palestiniens. Il fera aussi sienne la phrase lancée par l'ex-Premier ministre des Pays-Bas, Andreas Van Agt, lors de sa “visite” en Palestine. “On ne peut pas demander à un mouton de négocier avec un lion qui est en train de le dévorer” à laquelle le diplomate a voulu ajouter : “Au lieu du lion, je préférerai parler de boa.” Il a aussi insisté sur “l'importance de procéder à un examen très pondéré et très précis” pour avoir les arguments opposés aux Israéliens. “Ils disent que ce qu'ils font c'est parce que le Hamas pose problème puisqu'il est terroriste alors qu'on ne peut pas demander aux Palestiniens de négocier sans se débattre”. L'histoire et la religion ont été également abordées par Pierre Lafrance en affirmant que les raisons citées par les Israéliens pour faire sortir les “Arabes” sont “saugrenues”. Tout en rappelant que “les querelles de succession se règlent par des arbitrages”, il ira jusqu'à supposer que “peut-être qu'un jour on verra les Angles et les Saxons revenir en Allemagne et ainsi rendre leur terre aux Celtes”. À la sacralité invoquée pour justifier la création de l'Etat hébreu, le Français se dit en opposition “le droit international est lui aussi d'ordre sacré”. Salim Koudil