Tout n'est pas rose dans l'univers féerique de l'enfance de Bab Ezzouar, notamment pour les collégiens d'Ismaïl-Yefsah 2 où la rue, si fréquemment… froide et pluvieuse ressemble en toute similitude aux salles de classe qui ne sont pas aussi calfeutrées que celle des Matins d'hiver de Gérard Lenorman. En effet, en ce lieu-ci où il ruisselle de l'eau en cascade, tout autant qu'il pleut à torrent dans la rue, le porte-manteau importe peu. Et pour cause, l'école n'est plus qu'une éponge où s'infiltre l'eau de ses pores de l'enfilade de la demi-douzaine de classes. Donc, et partant de ce constant, il est tout autant inutile de s'imposer la règle de prudence de se sécher pour ne pas attraper froid. Alors, autant faire comme si l'on était dehors et garder sur soi sa pelisse toute dégoulinante et sentant le moisi. Peut-être bien que c'aurait été un moindre mal, s'il ne s'agissait que de ça (sic).Seulement, l'œil du collégien perle aussitôt de larmes, lorsque l'eau de pluie dilue l'encre et fait tache de cancre. Et c'est l'instant d'émotion partagé où l'institutrice s'en va aider l'élève à sécher le cahier au-dessus de la chaleur que diffuse le vieux poêle. Et lorsqu'il y a 36 cahiers tenus par une armée de petites mains, soit l'équivalent d'une bousculade et d'une franche rigolade, c'est l'instant où le tohu-bohu des “bailleurs de fond” pousse tout doucement vers la porte de sortie, la sérénité de la maîtresse. Pendant ce temps et de l'autre côté de l'insouciance juvénile des chahuteurs, il y a l'inquiétude des parents qui s'en mêlent pour trouver peut-être l'idoine solution au calvaire de leur progéniture. Seulement, la volonté qui est collectée sur le terrain de bonnes intentions et la démarche auprès du maire, se sont avérées inefficaces, sinon un coup d'épée dans l'eau, en raison d'un mode de gestion de l'école qui est du ressort exclusif de l'inspection académique d'Alger-Est, nous dit-on. D'ailleurs et s'il ne tenait qu'au maire, il en aurait fait son affaire. Parole de Sid el mir ! Mais, en attendant de démêler l'écheveau de l'imbroglio juridique, “d'à qui appartient quoi”, les élèves iront cueillir le muguet du printemps au ras du plancher des classes. Qu'on se le dise ! Nazim Djebahi