Dans un entretien accordé au journal égyptien Al-Ahram, le général de corps d'armée, Mohamed Lamari, persiste et signe : “Nous accueillerons favorablement celui que le peuple élira…” Le général Mohamed Lamari persiste et signe. Selon lui, l'institution militaire ne s'opposera pas à l'élection d'un candidat issu du courant islamiste au poste de président de la république en 2004. “Nous accueillerons favorablement celui que le peuple va élire, même s'il s'agit de Abdellah Djaballah, chef du mouvement El-Islah”, a-t-il indiqué dans un entretien au quotidien égyptien Al-Ahram, publié hier. Le chef d'état-major de l'ANP a déjà fait montre de cette disponibilité à cautionner un prétendant à la magistrature suprême affilié à la mouvance islamiste dans une interview au magazine français Le Point en janvier dernier. En réponse à une question sur l'éventuel soutien de l'ANP à la candidature du président de la république, Abdelaziz Bouteflika, à un second mandat, le général Lamari avait alors déclaré que “l'ANP ne faisait pas les présidents (…)”, qu'“elle reconnaîtra le Président élu, même s'il est issu du courant islamiste”. Démentant l'implication de l'armée dans les intrigues de palais, il avait affirmé qu'une seule fois, en 1992, les militaires sont intervenus dans le champ politique pour sauver les institutions de la République de la tentation fondamentaliste. “Depuis, nous sommes revenus à notre mission constitutionnelle, ni plus ni moins”, avait soutenu le général de corps d'armée. Si l'on se fie à ses propos, l'institution militaire n'avait donc joué aucun rôle dans l'investiture du président Zeroual en 1995, sa démission trois années plus tard et le parrainage de Bouteflika, le candidat du consensus, en 1999. L'empreinte de l'armée est pourtant inextricable et son influence indéniable. Quelle est donc cette véritable raison qui pousse, aujourd'hui, Lamari à proclamer la nature apolitique de l'institution qu'il dirige ? Par deux fois, dans une intervalle de quelques mois, il a affirmé sur les colonnes de médias étrangers que l'armée s'alignera sur le choix du peuple, même s'il s'agit du plus extrême. Dans son interview à Al-Ahram, le général pose, néanmoins, une condition : si le président élu est issu du courant islamiste, il doit se conformer aux règles du jeu démocratique. “à condition qu'il préserve la Constitution, la démocratie et le multipartisme”, a insisté le chef d'état-major. Pour peu que les institutions de la république qu'elle est chargée de défendre ne soient pas menacées, l'armée ne semble pas préoccupée par l'identité de celui qui prendra le pouvoir. N'a-t-elle donc plus de favoris ? Bouteflika ne ferait plus le consensus ? Sa politique de concorde civile est-elle mise en cause ? Aux yeux de l'armée, c'est en tout cas un échec. Pour preuve, le groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) continue toujours à recruter, selon Lamari. “220 hommes ont rejoint les rangs de ce groupe”, a-t-il révélé dans son interview au quotidien cairote. Pour le chef d'état-major, il est évident que les conditions sécuritaires se sont améliorées, mais seulement grâce à la lutte farouche menée par l'ANP. “Quand nous avions démarré, il y avait 27 000 terroristes armés. Maintenant, le nombre de terroristes encore actifs est estimé à 700”, a-t-il affirmé. Cependant, bien que ces groupes résiduels ne présentent plus un danger pour la république et les institutions du pays, le général Lamari reconnaît que “la situation n'est pas tout à fait maîtrisée”. “Je ne peux pas dire que nous contrôlons la situation sécuritaire à 100% parce que dix terroristes suffisent pour semer la terreur”, a-t-il souligné. S. L.