Il y a manifestement dans la déclaration du chef d'état-major de l'exagération. “Ceux qui pratiquent le mensonge et l'invective délibérément, nous connaissons ceux qui sont derrière et nous ne leur pardonnerons jamais, à l'exemple de Ali Dilem, célèbre caricaturiste, qui m'a traité de grand voleur sans qu'il avance la moindre preuve.” C'est ce qu'a déclaré le chef d'état-major de l'ANP, Mohamed Lamari, dans un entretien accordé au journal égyptien Al-Ahram. Plus loin, le général annonce que “Dilem sera poursuivi par voie de justice”. C'est la première fois qu'un haut responsable d'une importante institution qui plus est militaire s'attaque de façon aussi frontale à la presse et particulièrement à un caricaturiste dont la mission consiste à traiter les évènements par la dérision. Il est vrai que le ministère de la Défense a déjà engagé des procédures judiciaires contre Ali Dilem, accusé d'avoir diffamé l'institution militaire à travers des desseins de presse. Une condamnation de 6 mois de prison avec sursis avait été prononcée récemment par le tribunal d'Alger à l'encontre du caricaturiste. Ce qui avait constitué un grave précédent dans les annales de la presse indépendante et soulevé du coup une totale désapprobation de la corporation, au niveau nationale et internationale. Il y a manifestement dans la déclaration du chef d'état-major de l'exagération lorsqu'il affirme que des cercles, qu'il s'est gardé de nommer, seraient les inspirateurs des dessins de Dilem. C'est vraiment faire injure à son génie que de penser de la sorte, car le seul “instigateur” de ses dessins n'est autre que son impertinence qui le pousse à tirer sur tout les acteurs de la vie politique et sociale sans le moindre parti pris. Il n'a même pas ménagé son propre journal qu'il n'a pas hésité à brocarder dans ses caricatures. En définitive, cette sortie du général serait singulièrement disproportionnée par rapport à son objet si elle n'était l'expression de l'aversion irréductible que le pouvoir nourrit contre la presse. “Il est malheureux de voir que ceux qui ont pour mission de traquer les terroristes s'acharnent à descendre des journalistes”, a déclaré, hier, Ali Dilem en réaction aux propos du général. S. T.