L'Association mondiale des journaux, qui tient actuellement son 61e Congrès mondial des journaux et le 15e World Editors Forum à Göteborg, en Suède, a condamné avec fermeté la poursuite du harcèlement judiciaire exercé à l'encontre du célèbre dessinateur de presse algérien, Ali Dilem. L'AMJ, l'organisation mondiale de l'industrie de la presse, qui est basée à Paris, défend et promeut la liberté de la presse et les intérêts professionnels et économiques des journaux dans le monde entier. L'AMJ représente 18 000 journaux et regroupe 77 associations nationales d'éditeurs, des entreprises de presse et des directeurs de journaux individuels dans 102 pays, 12 agences de presse et 11 organisations régionales et internationales de médias. Le 1er juin dernier, au terme de la quatrième audience du procès du quotidien Liberté, le procureur de la République a requis deux mois de prison ferme contre le directeur de la publication, Ali Ouafek, l'ancien directeur de la rédaction, Farid Alilat, et le caricaturiste Ali Dilem. Les trois hommes sont poursuivis pour “diffamation” en vertu de l'article 146 du code de la presse qui prévoit la prison pour délit d'outrage à corps constitué. Une plainte avait été déposée auprès du tribunal correctionnel de Sidi-M'hamed à Alger par le ministère de la Défense nationale suite à la publication, le 29 juillet 2004, d'une caricature représentant, l'ancien chef d'état-major de l'ANP. La cour devrait rendre son jugement le 15 juin 2008. Contacté par Reporters sans frontières, (RSF) Me Khaled Bourayou, avocat du quotidien Liberté, a appelé la justice à faire preuve de tolérance vis-à-vis des caricatures. “Nous souhaitons que la jurisprudence algérienne s'inspire de la jurisprudence européenne qui consacre la modération. Il n'y a pas de mauvaise foi de la part du caricaturiste”, a ajouté Me Bourayou. “À quelques jours du rendu du jugement dans cette affaire, nous appelons la justice à faire preuve de mesure et de discernement. Les autorités algériennes faisant toujours la sourde oreille aux demandes d'amendement de la loi liberticide sur la presse, nous gardons l'espoir que les juges ne serviront aucun intérêt politique et ne s'obstineront pas à condamner lourdement les journalistes de Liberté”, a déclaré l'organisation. “Les caricatures d'Ali Dilem, très appréciées au-delà des frontières algériennes, doivent être perçues pour ce qu'elles sont, à savoir un dessin journalistique qui autorise une part de dérision”, a ajouté RSF. Déjà sous le coup d'une peine de prison avec sursis, Ali Dilem pourrait se retrouver derrière les barreaux s'il était de nouveau condamné. Le caricaturiste est visé par plus d'une vingtaine de procédures judiciaires. C'est le troisième procès intenté à Dilem depuis le début de l'année 2008. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis dans une affaire, alors que l'autre affaire est jugée en appel. R. N.