La bande a tendu ses tentacules de Oujda, au Maroc, à Tripoli, en Libye, en passant par Oran et Sétif, en Algérie. Un redéploiement qui en dit long sur la menace qu'encourt notre pays. Après une journée de réquisitoires, le tribunal correctionnel de Sétif a rendu, tard dans la journée de mercredi dernier, son verdict dans l'affaire de trafic de drogue qui a été élucidée en 2006 après la saisie, quelques mois auparavant, de 1,3 quintal de kif traité. En effet, les gendarmes, qui ont agi suite à des informations parvenues au groupement de gendarmerie de la wilaya, ont pu arrêter une bande de narcotrafiquants dont le secteur d'activité s'étend de la région d'Oujda au Maroc, Oran, Sétif et la Libye. Ainsi, cinq des mis en cause ont été jugés et condamnés à vingt ans de prison ferme. Il s'agit de M. A., âgé de 32 ans et originaire d'El-Mouradia, et de B. L., âgé de 50 ans et qui a fait l'objet d'expulsion de France en 1987 pour consommation et commercialisation de stupéfiants au niveau de l'Hexagone. Par ailleurs, trois autre personnes, D. M., K. J., T. K., originaires de Sétif et dont l'âge ne dépasse pas les quarante ans, ont été condamnés à la même peine. Un seul mis en cause, C. H., a été innocenté. Quant au chef de la bande, originaire d'Oran, et son bras droit issu de Sétif, tous les deux en fuite, ils n'ont pas été jugés. Leur procès a été différé à la prochaine session criminelle de la cour de Sétif. Lors du jugement, B. L. est passé aux aveux et a affirmé qu'il avait loué une écurie au niveau d'une ferme à Guellal, au sud de Sétif, qu'il savait que la marchandise qui y était stockée était du kif et qu'il puisait du stock pour sa consommation personnelle. Rappelons que les gendarmes, lors de la perquisition au niveau de l'écurie, au début du mois d'avril de l'année 2006, ont procédé à la saisie de ladite quantité de kif qui était dissimulé dans des tonneaux en plastique ainsi que de quatre véhicules légers et une importante somme d'argent. Une partie de la marchandise saisie allait être écoulée au niveau de notre pays. D'un pays de transit, l'Algérie est devenu un pays de consommation des stupéfiants, et l'espace géographique du trafic a dépassé la lisière frontalière pour toucher l'ensemble du pays, y compris les douras les plus reculés. Comme dans d'autres formes de criminalité, les trafiquants de drogue ont pu asseoir leurs réseaux et tisser leurs tentacules durant la décennie rouge, au moment où toute la société était mobilisée contre l'intégrisme armé. C'est aussi cela le coût que fait payer le terrorisme à notre pays. F. Senoussaoui