Les deux membres du gouvernement ont tenté de réconforter les sinistrés en réitérant l'engagement de l'Etat à porter secours et assistance à une population traumatisée par les inondations des 26 et 27 janvier. Près d'un mois après les pluies diluviennes qui se sont abattues sur les deux communes d'El-Menâa et Hassi El-Gara, qui composent la daïra d'El Menâa, située à 270 km au sud-est du chef-lieu de wilaya, deux ministres de la République, en l'occurrence MM. Dahou Ould-Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, et Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat, sont arrivés mercredi matin à El-Menâa à bord d'un vol spécial, en compagnie du wali de Ghardaïa, M. Yahia Fehim, et des principaux directeurs de wilaya en charge des dossiers de reconstruction et de restauration des dégâts occasionnés aux maisons et infrastructures de base, tels les routes, les réseaux d'assainissement et d'AEP. Entamant au pas de charge la visite des lieux sinistrés dans la commune d'El-Menâa, c'est donc le vieux quartier de Haï Belaïd, construit en pisé (toub), qui reçut en premier la délégation conduite par les deux ministres qui ont eu à constater de visu l'ampleur des dégâts et l'insoutenable situation des sinistrés réduits à l'état d'absolus démunis. Hay Bedani, appelé communément “route de l'Unité africaine”, a été la seconde étape où les mêmes inquiétudes, quant au besoin urgent d'être relogés dans des habitations en dur, ont été vivement exprimées. La commune de Hassi El-Gara est seconde et dernière étape de la visite ministérielle, la plus durement touchée en termes de dégâts et de nombre de sinistrés, tant les quartiers de Hay Belhadj et Hay Diar El-Batin ont été pratiquement rasés et mis au niveau du sol par les trombes d'eau qui ont pratiquement dilué l'argile séchée, servant traditionnellement à la confection de briques locales. En effet, plus de 80% des habitations de ces quartiers sont à tout jamais perdues, laissant plus de 600 personnes sans abri. Ce qui a poussé certains habitants de ces quartiers, notamment un responsable de l'organisation nationale des anciens combattants, de revendiquer le classement de cette région en zone sinistrée, ainsi que des dons d'urgence et la dispense de la TVA pour les commerçants. Répondant à cette sollicitation, le ministre de l'Habitat a promis que “tout ce que mon département a le devoir de réaliser sera fait, notamment dans les domaines matériaux de base, des aides diverses, entrant dans la réfection des demeures pouvant être récupérées. Pour ce qui est du classement en zone sinistrée et de l'exonération de la TVA, ceci reste des compétences du gouvernement auquel vos doléances seront soumises pour étude”.À l'issue de cette visite sur le terrain, menée tambour battant, un point de presse a été organisé à la résidence des hôtes de Hassi El-Gara, où le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, a répondu aux questions des élus locaux et des associations de quartier : “La demande de classement en zone sinistrée exprimée par toutes les parties consultées, dans cette daïra, ne peut être prise par notre délégation. Néanmoins, je vous garantis qu'elle sera soumise au Chef du gouvernement qui en décidera.” Et d'ajouter : “Les chiffres exprimés aujourd'hui attestent à eux seuls de l'étendue des dégâts. En effet, sur 2 979 habitations touchées, 519 sont complètement détruites, alors que 954 autres risquent à tout moment de s'affaisser après assèchement. 751 autres sont, par contre, touchées au premier degré, susceptibles d'être sauvées. Ce qui dénote la gravité du problème.” À propos des décisions à prendre, il affirmera : “Je ne peux pas me prononcer tout de suite. Nous commencerons d'abord par envoyer d'Alger une équipe d'experts du Centre national de recherche sur la construction, conduite par le directeur central de l'urbanisme. Des équipes du CTC et des experts de l'Office algérien de réévaluation des constructions seront aussi dépêchées pour aider à la finalisation du dossier.” Au sujet des plans de reconstruction de nouveaux sites d'habitations en dur, Noureddine Moussa assure qu'“il n'y a aucun problème d'ordre budgétaire pour entamer les travaux, pour peu que l'administration locale, en charge de ce dossier, transmette rapidement celui-ci avec des chiffres fiables et conséquents. Il ne sert à rien de gonfler les chiffres. Ceci ne fera que porter préjudice au Trésor public.” Avant d'asséner : “Ce que nous avons constaté sur le terrain dépasse de loin ce qui nous a été communiqué. Je vous demande s'il vous plaît de nous donner des chiffres fiables.” Pour sa part, M. Dahou Ould Kablia, qui n'a pas soufflé mot durant toute la visite, l'a clôturée par des termes assez vifs : “Je suis venu voir celle qu'on appelait le Joyau du Sud, je n'ai vu que misère et désert culturel, social et économique. Les enfants de cette région l'ont abandonnée totalement. Quelques-uns d'entre vous ont maintes fois exprimé le vœu de voir cette cité érigée en siège de wilaya. Je vais être franc avec vous. Dépourvue de toute infrastructure digne de ce nom et avec cette rachitique espèce de structure administrative, cette ville ne mérite même pas d'être daïra.” L. Kachemad