En Occident, notamment à Washington, on s'interroge sur l'avenir du processus de paix au Proche-Orient au vu du raz-de-marée de la droite et de ses extrêmes en Israël. Mêmes inquiétudes chez les pays arabes “modérés” et au sein de l'Autorité palestinienne. Malgré son mandat d'avance, Mme Livni de Kadima (centriste) n'a aucune chance de former un nouveau gouvernement, faute d'alliés politiques. Le chef du Likoud, Benjamin Netanyahu, demeurait pratiquement assuré de former le prochain gouvernement qui pourrait enterrer le processus de paix. Avec 27 élus, contre 28 au parti Kadima (centriste) de Tzipi Livni, il pouvait toujours compter sur un bloc de partis de droite nettement majoritaire au Parlement (65 sur 120 députés). Netanyahu qui a promis de nettoyer Gaza en la débarrassant du Hamas, a commencé ses consultations avec l'extrême droite, Shass, le Judaïsme unifié de la Torah (orthodoxe ashkénaze), deux partis de la droite religieuse, champions de la colonisation juive et opposés à toute concession avec les Palestiniens, et le parti des juifs russes d'Avigdor Lieberman, laïc et anti-arabe jusqu'à prôner l'expulsion du million et demi d'Arabes israéliens et du demi-million de druzes israéliens. Sa formation Israël Beiteinou, est la révélation des élections avec sa percée de 15 sièges. C'est dire tout l'ancrage de l'idéologie sioniste en Israël. Netanyahu qui fait parti de l'establishment juif sait qu'il tient ses consultations sur fond de craintes croissantes dans la communauté internationale qu'un gouvernement à forte coloration d'extrême droite enterre le processus de paix sans même chercher à garder les apparences. D'ailleurs, il subi des pressions de la part Etats-Unis et de l'Europe qui insistent pour qu'Israël poursuive les efforts en vue de parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens. Le président français au terme d'un périple dans la région, dans le sillage de sa visite à Bagdad, a souhaité que les autorités israéliennes nouvelles aient “l'obsession de la paix, qui est la garantie de la sécurité d'Israël”, soulignant : “Pour avoir la paix, il faut un Etat palestinien.” La Maison-Blanche s'est montré plus laconique, un communiqué précisant simplement que les Etats-Unis poursuivront “fermement leurs efforts en faveur de la paix et pour la sécurité d'Israël avec le prochain gouvernement israélien”. Quoiqu'il en soit, avec ces élections, l'administration Obama va être confrontée à la pire des situations. Le président du “yes, we can change” va devoir faire face à un protégé entre les mains d'irréductibles et peu enclins au pragmatisme. Washington qui réclame le redémarrage du processus de paix avec les Palestiniens, fait comme si rien n'est. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, participera à la conférence internationale de donateurs pour Gaza prévue le 2 mars au Caire, tandis que les autorités égyptiennes devront annoncer dans les 24 heures un accord de trêve de 18 mois dans Gaza contre la levée du blocus imposé par Israël au territoire palestinien contrôlé par Hamas. “Nous avons donné notre accord à une trêve avec la partie israélienne pour une durée d'un an et demi”, a affirmé à l'agence égyptienne Mena, Moussa Abou Marzouk, numéro 2 du bureau politique de Hamas. Il reste que cela dépend de l'administration américaine, dont le soutien est vital pour Israël qui prend seul les décisions concernant sa sécurité, mais ne peut complètement ignorer la position des Etats-Unis, son meilleur allié. La grande question est de savoir si Netanyahu constituera un gouvernement en ne s'appuyant que sur sa famille et ses avatars ou bien un gouvernement d'union avec le Kadima, ce qui est une option favorite pour les Etats-Unis et le président d'Israël dont le parti des travaillistes aura été laminé. D. Bouatta