La condamnation la moins nuancée a été faite par le président français de vive voix à son hôte israélien, le président Peres, en visite d'Etat en France. Cynique, le ministre israélien de la Colonisation, Ben Eliezer, a estimé que la relance de la construction dans la colonie de Givat Zeev, en Cisjordanie, ne nuisait pas au processus de paix avec les Palestiniens et encore moins à la feuille de route imposée par les Etats-Unis en novembre dernier à Annapolis ! Israël l'a encore confirmé : pas question de remettre les colonies qui resteront de toutes les façons entre ses mains, quoiqu'en pense la communauté internationale. Le ministre a tout juste fait allusion de lâcher de petites colonies isolées dont les habitants seront regroupés dans de grands blocs d'implantations en Cisjordanie où Israël est en droit de construire. D'ailleurs, c'est bien le Premier ministre Olmert qui a donné son feu vert à la construction de centaines de nouveaux logements à la périphérie nord de Jérusalem. La décision a cependant, et pour la première fois, suscité de nombreuses condamnations en Occident, qui se réfère enfin au plan international de paix lancé en 2003, accepté par Israël et les Palestiniens et reconduit aux Etats-Unis sous le parrainage direct du président Bush, qui prévoit notamment la fin des violences et le gel de la colonisation. La condamnation la moins nuancée a été faite par le président français de vive voix à son hôte israélien, le président Peres, en visite d'Etat en France. Nicolas Sarkozy a demandé l'arrêt de la colonisation, alors que Peres s'était réjoui d'être l'invité “d'un ami véritable du peuple juif, un ami honnête et vrai de l'Etat d'Israël depuis sa création”. “En tant qu'ami, je vous dis que la sécurité d'Israël passe par l'arrêt des colonisations”, lui a redit Sarkozy qui a été jusqu'à conditionner l'arrêt des tirs de roquettes sur le Sud israélien depuis Gaza par la création d'un Etat palestinien viable avant la fin de 2008. “C'est la meilleure garantie de sécurité pour Israël”, a-t-il confié à Peres dont le pays célèbre le 60e anniversaire de sa création et qui doit inaugurer demain le Salon du livre de Paris, dans un climat de vive polémique. De nombreux pays arabes et musulmans ont décidé de boycotter cette manifestation pour protester contre le fait qu'Israël en est l'invité d'honneur. La position du président français est d'autant plus à relever qu'il avait pris ses distances avec la politique arabe de son prédécesseur Jacques Chirac et resserré les liens avec Washington, premier allié d'Israël, tout en accentuant le rapprochement avec Israël. Par contre, aux Etats-Unis, la condamnation est plus molle. La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice s'est contenté de déplorer la relance de la colonisation juive, mais a tout de même insisté sur la nécessité de maintenir le processus de paix israélo-palestinien à flot en recevant à Washington son homologue israélienne Tzipi Livni. La chef de la diplomatie américaine a renvoyé dos à dos Israéliens et Palestiniens les exhortant à respecter leurs obligations du plan de paix international. Israël s'est pourtant engagé à suspendre ses activités de colonisation, susceptibles de préjuger de l'issue des négociations, notamment sur les frontières d'un futur Etat palestinien. Mme Rice n'a pas publiquement critiqué la décision israélienne mais son porte-parole, Sean McCormack, l'a fait. Washington est-il décidé a faire preuve d'équilibre ? Bush dépêche son vice-président Dick Cheney dans quelques jours au Proche-Orient afin de pousser à un aléatoire accord de paix entre Israéliens et Palestiniens, et le candidat républicain à la présidentielle américaine, le sénateur John McCain, se rendra la semaine prochaine en Israël. D. Bouatta