À l'exception du président Bouteflika, tous les hauts responsables de l'Etat étaient présents aux obsèques. Mahfoud Nahnah a été inhumé, hier, en milieu d'après-midi, au cimetière d'El-Allia, à Alger en présence d'une foule nombreuse et des plus hauts responsables de l'Etat dont il ne manquait que M. Abdelaziz Bouteflika, représenté néanmoins par son frère Saïd qui était aux premiers rangs. La dépouille mortelle du président du MSP a été transférée dans la mi-journée de Club-des-Pins, résidence officielle du défunt, vers la mosquée Al-Fourqan, dans le quartier de Bab Ezzouar, limitrophe du cimetière, pour la prière de l'absent. Elle est arrivée à El-Allia aux environs de 15h, créant un début de désordre parmi la foule, des militants islamistes, mais aussi des ministres, militaires, hauts fonctionnaires, chefs de partis, syndicalistes, etc., (lire encadré). Les responsables du MSP ont dû se déployer pour rétablir l'ordre. Le corps du défunt a été mis sous terre pendant que l'oraison funèbre était prononcée par Mohamed Megharia, vice-président du parti islamiste. Megharia a salué “l'homme aux vertus ; l'homme du pardon et du dialogue”. Le ministre des Affaires religieuses a, par la suite, lu un message de sympathie du président Bouteflika dans lequel il a rappelé l'“esprit patriotique” de Nahnah. Mahfoud Nahnah est décédé, jeudi vers 15h, dans sa résidence de Club-des-Pins, à quelque 25 kilomètres à l'ouest Alger. Il a succombé à une longue maladie dont il commençait à sentir les effets depuis 1998. Il souffrait notamment du diabète et de l'hypertension artérielle. Selon son médecin personnel, les premiers symptômes de sa tumeur au rein droit sont apparus au début de l'année 2001. Depuis, le président du MSP a multiplié les soins, alternant les stations entre Alger, Amman, Paris et Londres. Accédant au vœu de sa famille, il est définitivement rentré au pays le 11 juin. Les autorités lui ont affecté une équipe médicale spécialisée qui le suivait 24h sur 24. “Je demeurerai obéissant à Dieu”, a-t-il dit avant de rendre l'âme. Nahnah dirigeait le MSP depuis sa création en 1989. Il en constituait le leader incontesté, l'homme qui a su dépasser les clivages internes lorsqu'ils sont apparus, comme en 1999, quand il avait imposé à ses pairs le soutien à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Aidé par la dissolution du FIS, en 1992, il a réussi à structurer son parti, à lui donner sa dimension actuelle, à obtenir des portefeuilles ministériels au sein du gouvernement (dirigé par Ouyahia en 1997). Reconnu comme étant le représentant des Frères musulmans en Algérie, Nahnah a commencé sa carrière par des actes de subversion dans la Mitidja, aux côtés du groupe Bouyali. Après cette aventure (il a été emprisonné en 1975), il s'est consacré à la prédication, créant l'association El-Irchad oual Islah avant de se lancer dans la vie politique avec Hamas dont la dénomination a changé, devenant MSP après 1996. Agé de 61 ans, Nahnah n'a pu prendre part à la dernière élection présidentielle pour faute d'attestation communale de moudjahid. En 1995, il était arrivé deuxième derrière Liamine Zeroual. Finalement, il n'a pas été enterré dans le carré des martyrs. L. B. ls étaient tous là Ouyahia, Belkheir, Benflis, Touati… Le général Touati, conseiller à la présidence, se distinguait par son chapeau de paille. Mais, il n'était pas le plus observé. Saïd Bouteflika, le frère-conseiller du Président, et Larbi Belkheir, directeur de cabinet à la même présidence, constituaient la grande attraction. Surtout au moment où Ali Benflis, secrétaire général du FLN, Chef de gouvernement déchu, est descendu de sa voiture, flanqué de Karim Younès, président de l'APN. Par correction, par contrainte et un peu par hasard aussi, Benflis a salué, timidement et froidement, les deux personnages. Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture, s'est, en revanche, faufilé parmi la foule — d'officiels — pour se réfugier ailleurs près de l'estrade du carré des martyrs, où se tenaient, côte à côte, Ahmed Ouyahia et Abdelkader Bensalah. Khaled Nezzar a salué tout le monde alors que le controversé Abdelkader Hadjar tendait la main un peu partout. La République était là. L. B.