Gerboise bleue est le titre du film documentaire du Franco-Algérien Djamel Ouahab sur les essais nucléaires français au Sahara qui sera diffusé en Algérie. Visionné début janvier par le staff de la ministre de la Culture Khalida Toumi, ce film a suscité l'enthousiasme de son directeur de cabinet, Ahmed Bedjaoui, lui-même homme de cinéma. Une date a été avancée pour une projection en avant-première à Alger, le 23 février, c'est comme-dire, donner un écho à un certain article de la loi française sur les “aspects positifs de la colonisation” ! En France, Gerboise bleue sortira sur les écrans le 13 février, une autre date symbolique aussi, 49 ans jour pour jour après le premier essai nucléaire français au Sahara, qui a donné son nom au film. Elle coïncide ainsi avec l'anniversaire “macabre” du 13 février 1960, date du premier essai nucléaire français à Reggan dans le Sahara algérien. D'une durée de 1h30, le film documentaire, du réalisateur algérien Djamel Ouahab, Gerboise bleue, raconte l'histoire des vétérans français et des Touareg, victimes des premiers essais atomiques français dans le Sahara de 1960 à 1966. Pour la première fois, les derniers survivants témoignent de leur combat pour la reconnaissance de leurs maladies et révèlent dans quelles conditions les tirs se sont véritablement déroulés. Les essais nucléaires aériens ou souterrains effectués au Sahara ont produit de grandes quantités de déchets, enfouis seulement à quelques centimètres de profondeur, et fait beaucoup de victimes. Leur nombre augmente inexorablement, souvent dans l'anonymat. À ce jour, aucune liste n'est établie. L'absence de dépistage et d'archives sanitaires occulte les innombrables maladies comme le cancer et les décès entraînés par les radiations. Les victimes ne sont pas seulement les habitants des zones où les expériences ont eu lieu, mais même celles se trouvant loin de ces zones. La France coloniale a effectué son premier essai en Algérie le 13 février 1960 à Reggane sous le code la “Gerboise bleue”. Selon des chercheurs algériens, 17 essais nucléaires au total ont été menés par la France au Sahara, dont 4 à Reggane, entre 1960 et le retrait définitif de l'armée française de cette région en 1967. Le dossier des essais nucléaires français en Algérie a été ouvert en 1996. Mais depuis cette date, rien ou presque n'est fait pour se débarrasser de ce legs empoisonné. La France devait pourtant prendre sa responsabilité juridique. Outre l'aide technique qu'elle est en devoir de fournir en matière de décontamination, elle doit ouvrir ses archives et mettre des noms sur tous les lieux secrets où les bombes ont explosé. Abderrezak Khelil