Pourquoi avoir déterré une affaire datant de plus de 20 ans ? Pourquoi maintenant ? Paris voudrait forcer la main à Alger pour accepter de signer l'accord sur l'immigration sélective. Mohamed Ziane Hasseni est aujourd'hui l'otage d'un chantage exercé sur Alger. Mais jusqu'à quand ? Plus de six mois de mise sous contrôle judiciaire du directeur du protocole du ministère des Affaires étrangères chargé du cérémonial, Mohamed Ziane Hasseni, et la justice française, qui a sommé le diplomate algérien de prouver son innocence par le biais des tests ADN et graphologiques, n'arrive toujours pas à trancher sur le procès concernant l'assassinat, en 1997, de l'avocat du FFS à Paris, André Ali Mecili. S'il est vrai que Hasseni avait été interpellé à Marseille le 14 août dernier à sa décente d'avion suite à un mandat international lancé en 2007 dans le cadre de l'affaire Mecili, et s'il est vrai aussi qu'au moment où Alger attendait la levée de la mesure de contrôle judiciaire, la cour d'appel de Paris avait confirmé l'accusation du diplomate algérien, pourquoi alors la justice française n'a pas décidé de fixer la date du procès ? Alger, qui a dénoncé la cabale politico-diplomatique et affirmé à maintes reprises l'innocence de son diplomate, avait fini par lâcher le mot. Et, c'est par le biais de son ministre des Affaires étrangères, dépêché une première fois chez son homologue Bernard Kouchner pour demander le règlement dans les plus brefs délais de ce dossier, que l'Algérie a qualifié l'affaire Hasseni de “prise d'otage”. Ce n'est pas par hasard aussi si le président de la commission nationale consultative des droits de l'Homme, M. Farouk Ksentini, avait émis de sérieux doutes sur le déroulement du procès de Mohamed Ziane Hasseni, qualifiant cette situation imposée à l'Algérie de “retour de la justice coloniale”. En fait, Paris qui, en répliquant aux demandes incessantes d'Alger de libérer son diplomate par le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs politiques et judiciaires dans l'Hexagone, voulait et veut toujours aboutir à un objectif qui ne la concerne pas seulement, mais concerne tous les pays de l'Union européenne. Selon des sources diplomatiques, la persistance de cette affaire qui viole les us et coutumes diplomatiques en vigueur, au-delà du fait qu'elle consiste un exemple de l'usage abusif de l'extension des prérogatives des juridictions nationales, notamment européennes, n'est ni plus ni moins qu'un chantage à l'égard d'Alger. Il ne s'agit pas de livrer, selon les mêmes sources, le véritable commanditaire de l'assassinat de l'avocat du FFS, puisque, d'ailleurs, pour Alger, cette affaire n'existe pas. Et encore moins de peser sur la présidentielle d'avril prochain tant que le président Nicolas Sarkozy avait donné le la juste après son élection en 2007 en déclarant haut et fort “soutenir le gouvernement de Bouteflika contre les talibans”.À travers ce dossier monté de toutes pièces, la France voudrait forcer la main à l'Algérie afin de signer l'accord bilatéral sur l'immigration sélective. Ce faisant, Paris obtiendrait l'accord d'Alger sur le quota des visas même si, actuellement, les services du Quai d'Orsay appliquent une politique des quotas qui ne dit pas son nom. En déplacement en ce début février dans la wilaya de Boumerdès, le nouvel ambassadeur de France à Alger n'a pas hésité à effleurer la question non sans se référer au dossier de la libre circulation des personnes en plaidant pour un renforcement de la coopération entre les deux pays afin de faciliter le déplacement des scientifiques algériens vers l'autre rive. Le successeur de Bernard Bajolet avait toutefois souhaité dans un langage diplomatique des plus soft que l'Algérie agisse en appliquant la réciprocité dans la délivrance des visas aux Français désirant se déplacer en Algérie. Alger, qui a refusé la proposition de l'UE d'installer des centres de transit pour filtrer l'immigration clandestine en plaidant pour une approche globale favorisant une aide au développement de la sous-région afin de maintenir des populations sur place, a été au centre d'une campagne impliquant même le Maroc, et ne peut aujourd'hui accepter l'idée d'une immigration sélective qui vise ni plus ni moins qu'à puiser sa matière grise formée à coups de milliards de DA. Après avoir fait de l'Europe une citadelle infranchissable, laissant les pays du Sud sombrer dans l'islamisme et le terrorisme que l'espace judéo-chrétien a longtemps favorisés au point que cette situation a fini par créer, au bout de plusieurs années de refus de visas, le phénomène de “harraga”, voilà que le Vieux Continent veut viser l'intelligentsia algérienne qu'il exploitera à moindres frais, cette dernière étant seulement à la recherche d'une vie meilleure. Salim Tamani