Le diplomate algérien est toujours en détention alors que la Justice française ne parvient pas, six mois après son arrestation, à déterminer son véritable nom. L'affaire Mohamed Ziane Hasseni, qui continue d'interpeller l'opinion publique, commence à empoisonner sérieusement les relations entre l'Algérie et la France. Une affaire de quiproquo, une homonymie mal comprise? Mohamed Ziane Hasseni est-il Rachid Hassani, le commanditaire présumé de l'assassinat de l'avocat franco-algérien André Ali Mécili en 1987? La Justice française tarde à déterminer le véritable nom de la personne qu'elle détient depuis maintenant plus de six mois. Il reste cependant que l'ambiguïté qui entoure cette affaire est devenue malsaine, car elle a un arrière-goût de chantage, surtout lorsque le Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères) reste étrangement silencieux dans une affaire qui engage un diplomate étranger, dans tous les cas couvert par l'immunité diplomatique. Arrêté le 14 août à Marseille à sa descente d'avion, mis en examen pour «complicité d'assassinat», le diplomate algérien n'a cessé de clamer son innocence. D'aucuns s'étonnent que la Justice française n'ait pu, au bout de toute cette période, confirmer ou infirmer le patronyme du mis en cause, comme du fait que Mohamed Ziane Hasseni n'ait pu bénéficier de la protection diplomatique comme c'est le cas lorsqu'il s'agit de dossiers engageant des plénipotentiaires. Or, cette condition n'a été d'aucun secours pour Mohamed Ziane Hasseni, directeur du protocole au ministère algérien des Affaires étrangères. C'est là où l'on note le jeu obscur, sinon ambigu du ministère français des Affaires étrangères qui a laissé faire, sans intervenir auprès de la justice de son pays pour, à tout le moins, lui rappeler les engagements de la France au plan international, comme il est de son ressort. Ce désintérêt du département de Bernard Kouchner dans l'affaire Hasseni, contraste violemment avec les interventions tous azimuts du French Doctor pour faire élargir la responsable du protocole de l'Etat rwandais, Rose Kabuye, arrêtée en novembre 2008 en Allemagne, en exécution d'un mandat international délivré par la justice française, pour «complicité» dans le dossier consacré au génocide au Rwanda en 1994 dans lequel figurent huit dirigeants du FPR (Front patriotique rwandais) dont l'actuel président du Rwanda, Paul Kagame, un «ami» de Bernard Kouchner. Ce dernier a personnellement agi auprès des autorités judiciaires françaises dans le cas de Mme Kabuye, dont l'arrestation en Allemagne aura surtout permis aux mis en cause d'avoir accès aux dossiers de la justice française dans l'affaire du génocide rwandais. Donc, on constate qu'il y a bien un deux poids, deux mesures de la part de la diplomatie française, plus vraisemblablement de son chef, Bernard Kouchner, qui honnit l'Algérie, pour on ne sait quelle raison, allant dans les années 90 jusqu'à faire passer les égorgeurs de femmes et d'enfants pour des victimes. Pour revenir à l'affaire Mohamed Ziane Hasseni, les résultats des tests ADN subis en France par le diplomate, se sont avérés négatifs qui, s'ils ne le disculpent pas, ne l'impliquent pas. Aussi, les défenseurs du diplomate s'interrogent sur le pourquoi du refus des magistrats français de s'en remettre à cette évidence qu'il y a confusion sur la personne? C'est la thèse développée par la diplomatie algérienne qui mit l'action sur le fait que la justice française n'a pu, jusqu'à ce jour, avancer la moindre preuve susceptible de confondre Mohamed Ziane Hasseni. Dans son édition en ligne d'hier, le magazine français Le Point annonce que le président algérien Abdelaziz Bouteflika aurait reporté «sine die» la visite qu'il envisageait de faire à Paris au premier semestre de 2009. Le magazine, qui ne cite pas ses sources, croit savoir que ce report serait en relation avec l'affaire Mohamed Ziane Hasseni, qui, titrant «l'affaire qui brouille Paris et Alger» écrit «Motif: l'affaire Hasseni, du nom de ce diplomate arrêté à Marseille en août 2008 et mis en examen pour "complicité d'assassinat" dans l'enquête sur la mort de l'opposant algérien Ali Mecili, en 1987 (...)». Alors que le diplomate avait accepté les tests ADN et une analyse graphologique qui n'ont pas donné de résultats, la justice française persiste et fait repartir l'enquête à zéro en nommant un nouveau juge d'instruction. Ce qui n'est pas loin d'être perçu comme un harcèlement. Ou bien Mohamed Ziane Hasseni est celui que la Justice française recherche, ce qu'elle n'a pu étayer à ce jour, ou ce n'est pas lui et alors continuer à le détenir sans preuve, devient quelque peu problématique. Mais la France n'est pas à sa première affaire Dreyfus. Ce qui, à l'époque, révolta le grand écrivain français Emile Zola qui écrivit un retentissant «J'accuse» paru dans le quotidien «Combat». L'affaire Hasseni ira-t-elle jusqu'à cette extrémité? La question se pose d'ores et déjà.