L'Etat revoit officiellement les conditions d'investissement étranger en Algérie. Les récentes instructions adressées par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, aux ministres et responsables du secteur économique public, aux administrations et ses démembrements concernés ont suscité moult réactions au sein de la sphère économique du pays. Dans une instruction datée du 23 décembre, M. Ouyahia a détaillé en quatre points les nouvelles règles en matière d'installation d'investisseurs étrangers. Ces règles entrées en vigueur dès 2009 interdisent notamment aux groupes étrangers de détenir plus de 49% du capital dans tout projet en Algérie et les obligent à s'associer avec des investisseurs nationaux. Si de telles mesures ont enchanté les entreprises algériennes, elles n'ont cependant, pas réjoui les investisseurs étrangers. Ceux-ci se trouvent dans une situation inquiétante. Pour les projets déjà lancés, les investisseurs étrangers ont jusqu'au 30 septembre pour se conformer à cette nouvelle réglementation. Ce n'est pas le cas des nouveaux projets qui, eux, sont soumis de facto à cette condition. Les opérateurs d'outre-mer sont donc tenus de chercher des associés pour la concrétisation de leurs investissements en Algérie. Or, il faut reconnaître qu'il n'est pas une chose aisée que d'appliquer la mesure de Ouyahia stipulant : “Tout investissement étranger en Algérie, découlant d'une offre d'un opérateur étranger de réaliser seul cet investissement, ou découlant d'une démarche pour la constitution d'un partenariat, doit aboutir à une répartition du capital constitutif dans laquelle l'actionnariat national sera majoritaire.” L'autre catégorie d'acteurs de la scène économique nationale que cette décision importunera est celle des importateurs. Leur opposition à cette mesure serait au fond certainement farouche. Ils expriment une nette aversion à tout investissement local. Car, de tels projets diminuent leur marge de manœuvre dans la diversité des produits. Aux responsables concernés de veiller à ce que cette frange d'opérateurs se soumettent à ces instructions. Des observateurs avouent que le partenariat est une obligation majeure d'autant plus que l'Algérie ne maîtrise pas les technologies de pointe nécessaires. Les investissements directs étrangers (IDE) constituent, selon eux, une assurance de stabilité et de sérieux des projets. Plus l'opérateur étranger investit, plus longtemps il s'établit, affirment ces analystes. La méthode de l'actionnariat 51%/49% est utilisée partout dans le monde financier et c'est aussi un gage de stabilité. Le taux de réinvestissement et le mouvement du capital bénéfice reste toutefois un atout majeur pour les investisseurs. Ces derniers accordent logiquement beaucoup d'importance au transfert du bénéfice ou des dividendes en dehors de l'Algérie. Les autorités compétentes doivent par conséquent veiller et surveiller ce type de comportement. Il faut de ce fait doubler de vigilance sur cet aspect. Néanmoins, l'instruction précise que la majorité des actions détenues par le capital national sera répartie en plusieurs détenteurs pour permettre ainsi au partenaire étranger de détenir le plus grand nombre d'actions. Autrement dit, le capital national doit être majoritaire, mais le partenaire étranger peut garder le contrôle sur son projet. D'autres analystes critiquent la mesure du Chef du gouvernement. Pour eux, elle n'apporte pas que des avantages. Ils pensent qu'il ne faut pas se réjouir de cette décision. Déjà les étrangers ne se bousculent pas au portillon. Ils ont toute l'attitude pour trouver d'autres cieux plus stables et cléments... B. K.