Interrogé sur cette situation, le directeur général de la société a indiqué que le tribunal vient de rendre (hier matin) une décision en référé qui conclut à l'illégalité de cet arrêt de travail. Les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba ont lancé, avant-hier, un ultimatum de deux jours aux responsables concernés leur demandant de régler les problèmes des travailleurs de l'entreprise Matériel agricole et industriel (Magi) en grève depuis presque une semaine, “sinon nous allons ramener tous les travailleurs de la zone industrielle pour se rassembler devant le siège de cette entreprise”, a martelé le secrétaire général de l'union locale de Rouiba, M. Messaoudi. S'exprimant devant les 200 travailleurs en grève et de nombreux cadres syndicaux de la zone industrielle présents à ce regroupement, M. Messaoudi a imputé cette situation de pourrissement aux responsables de l'entreprise Magi qui, selon lui, ne cesse de provoquer les travailleurs. “Sinon comment expliquer que les dirigeants de cette entreprise choisissent le moment précis de ce rassemblement pour afficher la décision de justice relative à la grève”, a affirmé le syndicaliste qui dit respecter toute décision émanant de la justice algérienne mais s'interroge sur le moment choisi pour informer les travailleurs de cette décision. “Non seulement c'est du mépris, voire une insulte envers tous les travailleurs et les cadres syndicaux ici présents, mais c'est une forme d'incitation à sortir dans la rue”, indique M. Messaoudi qui met en garde les syndicalistes contre le piège qu'on veut tendre aux travailleurs. Il n'exclut pas une action de grande envergure et dans l'immédiat, “comme celle de 2006”, dit-il. “Et celui qui veut l'anarchie dans la zone industrielle, il prendra ses responsabilités”, précise l'orateur, qui révèle avoir reçu des directives de Sidi-Saïd pour ne rien faire durant cette période. Il se demande si les gestionnaires se soucient de la stabilité et de la paix sociales. “Au contraire, ils nous provoquent”, dit-il. Avant d'ajouter que “les syndicalistes ont fait beaucoup de concessions jusqu'ici pour calmer les esprits mais nous ne pouvons rester les bras croisés devant ces agressions répétées contre les travailleurs”. M. Messaoudi a tenu à rappeler aux responsables de Magi que sans la mobilisation des travailleurs, en 2005 et 2006, l'entreprise Magi ne serait plus une entreprise publique et elle aurait été aux mains d'un privé. “C'est le fond du problème car, dit-il, on n'a jamais pardonné aux travailleurs de Magi d'avoir refusé le bradage de leur unité dans des conditions contestables. Et c'est pour ça qu'on sort des tiroirs, quatre ans après, cette affaire de grève illégale”, explique le secrétaire général de l'union locale, qui a, encore une fois, fustigé certains cadres dirigeants de la zone industrielle qui viennent de gonfler, selon lui, leurs salaires au détriment de ceux des travailleurs. Il cite l'exemple des cadres de plusieurs entreprises qui viennent doubler leurs indemnités avec un rappel rétroactif depuis janvier 2008, alors que leurs entreprises vivent les pires difficultés. “Leur prime de panier est égale au SNMG d'un travailleur”, ajoute-t-il. De leur côté, les syndicalistes de Magi ont tenu à dénoncer “les mesures de harcèlement dont ils continuent de faire l'objet”, comme ils ont réitéré leur appel pour le retrait de toutes les plaintes émises à leur encontre. Ils ont également exigé la satisfaction de leur plate-forme de revendications, notamment la titularisation des travailleurs contractuels ainsi que l'augmentation des salaires. Comme ils ont évoqué la situation de leur entreprise qui, selon eux, traverse une situation difficile pour des problèmes de gestion. Interrogé sur cette situation, le directeur général de Magi nous a indiqué que le tribunal vient de rendre (hier matin NDLR) une décision en référé qui conclut à l'illégalité de cet arrêt de travail. À propos des convocations reçues par les syndicalistes émanant des tribunaux, M. Amichi affirme que cela relève des juridictions compétentes et cela concerne la grève illégale de 2006 où il a été obligé de déposer plainte par devoir mais aussi pour “défendre une entreprise publique”. Il a ajouté que les syndicalistes s'étaient engagés, le 19/07/2006, en présence d'un inspecteur du travail, “d'exprimer des regrets pour les événements de 2006”, mais ils refusent de tenir leur engagement, dit-il. Le directeur général de Magi a indiqué que l'entreprise paye ses salaires le plus normalement du monde et ses travailleurs perçoivent toutes sortes d'indemnités, y compris la prime du mouton. “En dépit des difficultés du marché, on arrive tout de même à faire fonctionner nos ateliers et commercialiser nos produits”, indique M. Amichi, qui précise que plus de 112 produits sont répertoriés au niveau de l'entreprise qui a été contrainte de se mettre au diapason et de convertir certaines de ses activités pour ne pas mourir, ajoute-t-il. M. T.