Le nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental a tenté de donner, hier matin, un aperçu sur sa nouvelle mission et sur la tournée qu'il a entreprise au niveau du Maghreb, du 19 au 25 février 2009. Un périple qui l'a conduit respectivement à Rabat, dans les campements des réfugiés sahraouis de Tindouf et à Alger. Avant de quitter le sol algérien pour s'envoler vers l'Europe, Christopher Ross a fait une déclaration dans laquelle il a révélé avoir eu des “discussions utiles” pendant sa visite de deux jours, dans la capitale algérienne, avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et MM. Medelci et Messahel. Outre les débats sur “la position de l'Algérie” vis-à-vis du dossier de l'ancienne colonie espagnole, le diplomate américain a également parlé des entretiens ayant porté sur le processus de négociations directes, en précisant que les pourparlers sont menés dans le cadre de l'ONU et en désignant clairement les deux belligérants, à savoir le Maroc et le Front Polisario. Ces négociations, a-t-il ajouté, visent à trouver “une solution juste, durable et mutuellement acceptable, qui inclut le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination”. M. Ross a, en outre, rappelé avoir déjà discuté avec de “hauts responsables”, signalant ses entretiens avec le roi du Maroc, Mohammed VI, et le président de la Rasd, également secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz.“Je poursuivrai cette tournée à Madrid, Paris et Washington”, a-t-il affirmé, en laissant entendre que les rencontres avec “les hauts responsables de ces trois capitales” ont pour but la recherche d'“une contribution qu'ils pourraient apporter à (sa) mission”. Il a aussi annoncé son intention d'effectuer “une visite en Mauritanie, le plus tôt possible”, en remarquant plus loin : “Lors de ma tournée (dans la région), j'ai trouvé les éléments de respect, de sincérité, d'optimisme et de maturité.” Enfin, l'envoyé personnel de l'ONU a conclu : “C'est avec ces fondements de la diplomatie que je quitte l'Algérie.” Il est trop tôt d'anticiper sur les véritables intentions de Christopher Ross. De plus, il est difficile de savoir encore si ce dernier dispose ou non d'une marge de manœuvre. Pourtant, l'ancien responsable au département d'Etat américain a donné l'impression de vouloir mener à terme “l'importante mission” dont l'a chargé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Surtout qu'il semble avoir “clairement compris les positions et points de vue” des différentes parties rencontrées et “senti une volonté sincère” chez elles, pour “la poursuite du processus de négociations” et “le soutien de (ses) efforts”. Le diplomate américain a, par ailleurs, été explicite sur la désormais implication de trois puissances occidentales, les Etats-Unis, la France et l'Espagne, au règlement du vieux dossier relatif au territoire non autonome du Sahara occidental. Si la France et l'Espagne sont “mêlées” au conflit maroco-sahraoui, la première à travers son soutien inconditionnel au Maroc et la seconde en sa qualité d'ancienne puissance administrante ayant évacué les lieux trop précipitamment, un certain 26 février 1976, il faut croire que l'Amérique d'Obama interviendra pour arbitrer. Le nouveau président américain tiendra-t-il ses promesses ? Mettra-t-il, dans ce cas, tout son poids pour un règlement juste et conforme au droit international du dossier de la dernière colonie africaine ? En attendant de voir plus clairement, rappelons toutefois que tout conflit renvoie en général à la question des rapports de force. D'ailleurs, Christopher Ross a donné, hier, une petite idée sur le sujet, en évoquant les “fondements de la diplomatie”. En plus clair, l'heure de la bataille diplomatique est arrivée. Hafida Ameyar