Grandes manœuvres pourra-t-on dire encore une fois de la situation que traverse le dossier du Sahara-Occidental. Un constat qui revient aussi régulièrement que l'est cette question devant les instances onusiennes. Mardi, rappelle-t-on, la quatrième commission de l'ONU, qui refuse de se dessaisir du dossier, a réaffirmé qu'il s'agissait d'une question de décolonisation, et qu'il faille par conséquent laisser le peuple de ce territoire exprimer librement son droit à l'autodétermination. Le même jour apprenait-on, le nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, en charge de ce dossier, allait entamer ce qui allait être sa première tournée dans la région avec des visites au Maroc, l'une des deux parties en conflit avec le Front Polisario, en Algérie et en Mauritanie, ces deux pays étant considérés par l'ONU comme des « pays voisins ». Et puis, comme c'est devenu une règle surtout qu'approche l'échéance - cette fin de mois - de réunion du Conseil de sécurité sur cette question, le Maroc oppose un refus à cette résolution, et « sort » sa solution. Rabat est prêt à un « dialogue direct » avec Alger au sujet du Sahara-Occidental. C'est ce qu'a affirmé jeudi le porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdallah. « Nous sommes prêts à un dialogue direct avec l'Algérie, une idée également soutenue par les Etats-Unis, la France et l'Espagne », a affirmé M. Benabdallah, également ministre de la Communication, lors d'une conférence de presse à Paris. Et puis, Rabat relance son idée de « large autonomie » refusée quant à elle par les Nations unies, y compris le fameux plan Baker de 2003, du nom de l'ancien envoyé spécial, suggérant une période d'autonomie de cinq années précédant la tenue d'un référendum d'autodétermination. Ce que le Front Polisario avait accepté, tandis que le Maroc l'a refusé.L'on se demande alors de quels moyens dispose le nouvel envoyé spécial pour sortir le plan de paix, de l'impasse. Effectivement, le roi Mohammed VI du Maroc a reçu jeudi à Casablanca (100 km au sud de Rabat) l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara-Occidental, le diplomate hollandais Peter Van Walsum. L'émissaire onusien avait indiqué mercredi à Rabat que ses consultations avec des responsables du Maghreb visaient à « explorer les moyens de sortir la question du Sahara de l'impasse politique actuelle ». Dans une déclaration à la presse à l'issue d'une réunion mercredi avec le Premier ministre marocain, Driss Jettou, M. Walsum avait assuré être « conscient des différents points de vue, en particulier concernant le plan Baker ». Décidément, le Sahara-Occidental fait l'actualité, comme le soulignent les propos du président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, qui a appelé l'ONU à intervenir d'« urgence pour mettre fin aux agissements du Maroc qui mettent en péril la vie des émigrants clandestins ». Le Sahara-Occidental « dénonce avec la plus grande vigueur les agissements du gouvernement marocain visant à se débarrasser de ses immigrants en les laissant en plein désert au Sahara, sans eau ni nourriture », regrette le président Abdelaziz dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. « Nous partageons les préoccupations du monde face à ce malheur qui cause périodiquement des dizaines de victimes », ajoute-t-il. Le Sahara-Occidental, où se trouvent plusieurs dizaines d'émigrants clandestins subsahariens abandonnés par le Maroc selon des ONG, demeure une zone de guerre malgré l'existence d'un cessez-le-feu. Des mines posées dans ce territoire depuis le début du conflit en 1975 sont toujours prêtes à exploser. Des émigrants subsahariens se trouveraient depuis le début de la semaine dans des zones minées, selon Médecins sans frontières (MSF). Autant dire alors que des centaines d'immigrants vivent une terrible menace. Ce qui donne une idée du régime marocain, et le peu de considération qu'il accorde à la vie.