Qui a dit qu'elle était finie ? Qui a dit qu'elle ne chantera plus ? La réponse nous l'avons eue le week-end dernier : la “Grande Dame” de la chanson algéro-algérienne, à savoir Saloua, a animé deux concerts, organisés par l'Etablissement Arts et Culture (jeudi soir et vendredi 27 février 2009 après-midi), pour le grand bonheur du public amateur de la belle chanson. D'une fraîcheur inégalée, ni le temps, ni l'âge (68 ans bien portés) n'ont eu raison d'elle. Au contraire, elle était resplendissante, éblouissante... Lors de ces deux récitals, la Diva Saloua, un titre plus que mérité, a charmé l'assistance, venue des quatre coins de la capitale — il y a même des familles qui ont fait le déplacement de Blida —, pour applaudir celle qui a marqué la chanson algérienne, celle dont les chansons sont reprises et chantées dans les fêtes et mariages, celle qui, des années durant, a été l'ambassadrice de l'Algérie dans le monde culturel et artistique arabe… Malgré la fatigue, Saloua a su avec brio et élégance emporter l'assistance, fort nombreuse, composée de jeunes, de moins jeunes, de femmes et d'hommes, la salle était pleine (étaient aussi présents, vendredi, des enfants venus de centres pour enfants spécialisés ainsi que des vieux et vieilles des centres d'accueil pour personnes âgées). Entamant son “show” par le fameux “dekhli m'ssamiî” “Rana Djinek”, une manière de dire que c'est le début de la fête, la chanteuse entamera son tour de chant — avec une voix pure, cristalline et très juste (une voix que le temps n'a pas altérée, au contraire !) —, des “wasslate” dans l'art des règles et la pure tradition, mélangeant andalou, hawzi et aroubi. Après une pause, afin de se changer et se reposer, Saloua revient sur scène drapée d'un “hayek m'rrama” rose. “Pour faire revivre la tradition”, lance-t-elle au public qui l'accueille avec un tonnerre d'applaudissements. Des youyous stridents fusaient de toute part. La deuxième partie du concert était plus que prometteuse. Elle l'entamera avec une nouvelle chanson ayant pour titre Ya Moulet El-hayek, un clin d'œil aux traditions et à la femme de l'Algérois et ses environs. D'ailleurs, elle le dit : “Ce sont nos traditions qui disparaîssent !” Ensuite, c'est au tour de Elli bla yaâf, Enta kount edon, Ma tssalouniche et autres Kif rayi hamelni et El-Wahrania, des chansons puisées dans son répertoire riche et variée. En interprétant ses succès, Saloua voulait contenter tous les présents. Faire plaisir à tout ce monde, venu l'acclamer et revivre l'âge d'or de la chanson algérienne. D'ailleurs, le public n'arrêtait pas d'en demander et d'en redemander. Avec une fragilité et sensibilité dans le geste, une présence et surtout une prestance sur scène, dues à son élégance et son charisme, et à la justesse de la voix si bien maîtrisée, elle ne laissait personne indifférent ! Le temps de deux concerts, Saloua a su, mais surtout a pu faire revivre les soirées d'antan ! Amine IDJER