«Je suis venu porteur d'un rameau d'olivier et d'un fusil de révolutionnaire, ne laissez pas tomber le rameau de ma main», avait déclaré Yasser Arafat à la session de l'ONU tenue en 1973. L'éminence du droit face à la puissance de l'arme. Quels sont les voies et moyens à même de responsabiliser et de culpabiliser l'Etat d'Israël du pogrom de Ghaza? C'est la problématique que traitera le Colloque international sur «les crimes de guerres et crimes contre l'humanité commis par Israël à Ghaza» organisé par la Coordination de la société civile algérienne d'action et de solidarité avec Ghaza (Cscaas) à l'hôtel Hilton à Alger. A l'ouverture des travaux, hier, Mme Saïda Benhabylès, présidente de la Cscaas, a déclaré: «Pas moins de 221 plaintes, contre Israël ont été déposées au niveau de la Cour pénale internationale. Malheureusement, ces plaintes ne peuvent aboutir sous prétexte qu' Israël n'est pas membre de la CPI et que la Palestine ne peut l'être car, ne constituant pas un Etat au sens juridique du terme tel que défini par les textes qui régissent cette instance». A ce titre, il convient de rappeler que seuls les Etats membres de la CPI sont concernés par les dispositions de cette instance juridique internationale. Dans le cas du génocide de Ghaza, seul le Conseil de sécurité de l'ONU est habilité à constituer une commission d'enquête pour situer les responsabilités quant aux crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité commis lors de l'agression israélienne contre la population de cette région. Sauf que sur ce plan, toutes les démarches effectuées, à l'instar des différentes résolutions de l'ONU, font face à un obstacle de taille: le veto américain. C'est la raison pour laquelle «il est impératif de mobiliser la société civile internationale pour casser l'impunité dont jouit Israël et briser le silence complice de la communauté internationale sur ses crimes itératifs». Ainsi, l'objectif du colloque, selon la présidente de la Cscaas, est d'installer une commission composée d'experts en droit international et d'éminentes personnalités, qui aura la charge d'établir des mécanismes permettant l'application des résolutions finales du colloque. Cette lecture rejoint celle de M.Pierre Lafrance, ancien ambassadeur et membre fondateur du comité de vigilance pour une paix réelle et durable au Proche-Orient, qui a préconisé de mettre en place une «alliance internationale des différentes organisations qui agissent pour la paix, y compris celles qui existent dans la société israélienne». Selon ce diplomate distingué: «Le temps est venu pour la communauté internationale de comprendre que les relations entre les Etats ne peuvent plus être régies par les rapports de force. La force du droit et de la loi doit primer sur la puissance de l'arme». M.Lafrance, paraphrasant Jean Ziegler, l'homme politique suisse connu, a présenté la situation qui prédomine à Ghaza par cette parabole: «Peut-on demander à un mouton de négocier avec un boa qui l'étreint?» C'est aujourd'hui que prendront fin les travaux du colloque. Espérons que les résolutions qui le sanctionneront aboutiront à une action concrète en vue d'une révision profonde du fonctionnement des instances de l'ONU, notamment le Conseil de sécurité.