Les crimes innommables commis par Israël contre Ghaza ont plongé dans émoi les peuples du monde entier à l'heure où les gouvernements ont cherché, pour certains, à justifier ces crimes et d'autres à dénoncer sans pouvoir agir. C'est pour que l'impunité ne soit pas un fait accompli et que justice soit rendue qu'un colloque international, organisé par la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH) et impulsé par la coordination de la société civile algérienne d'action et de solidarité avec Ghaza, se tient depuis hier et pour deux jours à l'hôtel Hilton d'Alger. Ce rendez-vous, auquel prennent part des juristes, des témoins et des défenseurs du respect du droit international, se veut une action solidaire pour traiter de la possibilité de traduire l'Etat d'Israël devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l'humanité. Cette initiative s'inscrit dans la démarche entreprise par d'autres mouvements de la société civile dans le monde en vue de fournir une documentation matérielle et de qualification juridique pour une action pénale internationale contre les responsables civils et militaires israéliens de ces crimes. L'œuvre paraît herculéenne, mais est-elle pour autant impossible ? La complicité et la proximité des rapports que tient l'Etat d'Israël avec les puissances du monde, à leur tête les Etats-Unis d'Amérique, rendent certes l'entreprise difficile, mais une once d'espoir se dessine dans la possibilité qui est entre les mains de la société civile. Il s'agit de faire pression « du moment qu'une procédure ne peut être ouverte que contre les Etats signataires du statut de 1998. Le Conseil de sécurité peut demander l'ouverture d'une enquête et le transfert devant la Cour des criminels de guerre quels qu'ils soient. Bien sûr, il y a la menace du veto américain. Mais tout dépend de la mobilisation et de la pression de la société civile internationale. Si cette pression est forte, le veto devient impossible », explique dans un message adressé au colloque Jean Ziegler, membre du comité d'experts du conseil des droits de l'homme des Nations unies. D'où d'ailleurs l'objet d'une telle action. Après des témoignages poignants de Ghazaouis et de médecins ayant vu l'horreur de la guerre israélienne sur les civils et les enfants de Ghaza, l'ex-ambassadeur français Pierre La France n'a pas hésité à emprunter l'image du boa enserrant un mouton pour qualifier le colonialisme israélien en Palestine. « Israël commet une atteinte au pouvoir vivre des populations palestiniennes, il est tout à fait normal que le mouton se débatte et se défende alors que le boa l'étouffe », dit-il en accusant l'Etat d'Israël de reproduire les crimes nazis et de ne pas respecter le droit international. Luc Beyer de Ryke, ancien parlementaire européen, estime pour sa part que la politique israélienne est un danger pour la paix dans le monde, à l'heure où le spécialiste en géopolitique Richard la Bévière souligne qu'Israël est un Etat où les militaires gardent la haute main sur le politique. « Il faut rompre avec la liste des organisations terroristes établie par les Américains. Et ne rien attendre de la médiation américaine pour régler le conflit au Proche-Orient. Il faudra se tourner vers d'autres médiations comme celles du Qatar, de la Turquie ainsi que certains acteurs européens », dit-il. Les travaux du colloque se solderont, aujourd'hui, par une série de recommandations en vue de conforter le dossier d'incrimination d'Israël.