Alors que les massacres de la population palestinienne par l'armée israélienne avaient soulevé une réprobation internationale sans précédent en raison de la sauvagerie des soldats israéliens, la mission de l'ONU d'établissement des faits sur le conflit à Gaza au début de l'année 2009 a pratiquement placé à la même enseigne les deux parties, en considérant qu'elles ont commis de “graves crimes de guerre et des infractions au droit humanitaire qui pourraient être considérées comme des crimes contre l'humanité”. Faut-il justifier le contenu du rapport de la Mission d'établissement des faits sur le conflit à Gaza au début de l'année 2009, aboutissant à la conclusion qu'elle a des preuves que les forces israéliennes et les militants palestiniens ont commis de graves crimes de guerre et des infractions au droit humanitaire qui pourraient être considérées comme des crimes contre l'humanité, par un manque de courage de la part de ses auteurs ? C'est la seule explication plausible à cette conclusion de la commission Goldstone, parce que durant trois semaines, les civils palestiniens ont vécu un véritable enfer sur terre, tant les bombes et les obus, même au phosphore, blanc tirés par les chars ou largués par les avions israéliens, n'ont épargné aucune demeure, frappant notamment un hôpital pédiatrique de Gaza. Ménageant le chou et la chèvre, les signataires de ce document de 575 pages, qui sera présenté devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève le 29 septembre, affirment : “Nous sommes arrivés à la conclusion, sur la base des faits que nous avons réunis, qu'il y a de solides preuves établissant que de nombreuses violations graves du droit international, à la fois du droit humanitaire et des droits de l'homme, ont été commises par Israël lors des opérations militaires à Gaza.” Avant d'ajouter : “Il n'y avait pas de doute que les tirs de roquettes et de mortiers (par les groupes armés de Gaza) étaient délibérés et destinés à causer des pertes en vies humaines, faire des blessés parmi les civils et entraîner des dégâts aux infrastructures civiles. La mission a conclu que ces agissements constituaient également de graves crimes de guerre et peut-être des crimes contre l'humanité.” En d'autres termes, cela équivaut à dire que l'usage d'armes sophistiquées pouvant causer des dégâts matériels et humains inestimables et les tirs de roquettes et de mortiers aux conséquences très limitées constituent des actes d'une gravité similaire. Ceci étant, le chef de la mission, le juge Richard Goldstone, a indiqué, lors d'un point de presse mardi au siège des Nations unies à New York, que “la mission a conclu que des agissements pouvant constituer des crimes de guerre et peut-être, dans une certaine mesure, des crimes contre l'humanité, ont été commis par les forces de défense israéliennes”. Il ajoute : “La mission conclut que le comportement des forces armées israéliennes constitue une grave violation de la quatrième Convention de Genève concernant les meurtres délibérés et la volonté de causer de grandes souffrances à des personnes protégées.” Et “elle a aussi découvert que viser directement et tuer arbitrairement des civils palestiniens est une violation du droit à la vie”. Le rapport critique également “la politique délibérée et systématique des forces armées israéliennes de cibler des sites industriels et des installations d'eau”, et l'usage de civils palestiniens comme boucliers humains. Concernant les objectifs et la stratégie de l'opération militaire israélienne, la mission a conclu que les stratèges militaires ont suivi délibérément une doctrine impliquant “l'usage d'une force disproportionnée et suscitant de gros dégâts et des destructions de biens et d'infrastructures civils, et des souffrances chez les populations civiles”. Par contre, sur les tirs de mortiers depuis Gaza par des militants palestiniens, la mission a conclu qu'il s'agissait d'attaques aveugles et délibérées contre une population civile et qu'ils “constituaient des crimes de guerre et pourraient constituer des crimes contre l'humanité”. Le rapport a recommandé que le Conseil de sécurité demande à Israël de prendre des mesures pour lancer des enquêtes indépendantes appropriées concernant les crimes présumés qui ont été commis, conformément aux standards internationaux, et de transmettre ces enquêtes dans les six mois. Il a également appelé le Conseil de sécurité à nommer un comité d'experts pour surveiller les mesures prises par le gouvernement israélien. Si rien ne se passe, ou si les enquêtes ne sont pas indépendantes ou conformes aux standards internationaux, le rapport a appelé le Conseil de sécurité à renvoyer la situation à Gaza au Procureur de la Cour pénale internationale (CPI). La mission a également appelé le Conseil de sécurité à demander au comité d'experts d'exercer le même rôle concernant les autorités palestiniennes pertinentes.