Alors qu'une dizaine d'étudiants algériens observent un sit-in et une grève de la faim depuis plusieurs jours devant l'ambassade d'Algérie au Caire, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ne semble pas près de répondre positivement à leurs doléances. À leurs revendications de reconnaissance des diplômes de magistère et de doctorat acquis au niveau de l'Institut de recherches et d'études de la Ligue arabe au Caire, il leur est opposé un niet catégorique. C'est ce que nous a affirmé une source du département de Harraoubia : “Il n'y a pas d'équivalence à leurs diplômes para-universitaires. Ils les ont eus d'un organe relevant de la Ligue arabe, et ce n'est pas une institution universitaire.” Ainsi, ce bras de fer entre ces étudiants et le ministère de l'Enseignement supérieur risque de s'enliser. L'affaire remonte au 28 décembre 2008, lorsque le ministère de tutelle a pris la décision d'annuler l'équivalence accordée aux magistères et doctorats délivrés par l'Institut de recherches et d'études arabe. Une décision qui avait déclenché les “hostilités”. Dès le début de janvier, des centaines d'étudiants algériens ont organisé des sit-in devant l'ambassade d'Algérie en Egypte pour protester contre la non-reconnaissance de leur diplôme. Ils avaient été reçus par l'ambassadeur Abdelkader Hadjar et tout semblait être rentré dans l'ordre. Il y a quelques jours, plusieurs universités ont même reçu un courrier du ministère de l'Enseignement supérieur dans lequel il est noté que la décision d'annulation a été gelée. “C'est un faux”, nous affirme notre source qui ajoutera : “On a eu connaissance de ce courrier et on a déjà déposé une plainte contre X pour faux et usage de faux. La justice va trancher à propos de ce courrier et le ministère n'a pas changé d'attitude sur cette affaire.” Essayant de donner le maximum de données sur ce sujet, la même source expliquera l'attitude du ministère : “Il s'agit d'étudiants qui ont pris l'initiative d'aller étudier en Egypte avec leurs propres moyens, et il n'y a eu aucun engagement de la part de la tutelle. Malgré cela, nos portes sont ouvertes et nous sommes en train de prendre en charge graduellement leurs dossiers. Ils doivent déposer des requêtes et joindre les documents nécessaires, et après on fera une évaluation selon des paramètres scientifiques.” Considérant le mouvement de protestation comme “à la limite de la légalité”, notre source s'est dit surprise par l'ampleur qu'a prise cette affaire : “Le fait qu'il s'agisse de plusieurs centaines est plus qu'intriguant, et on se pose beaucoup de questions sur ces cas.” Les “dégâts” occasionnés par les formations de la Ligue arabe ne touchent pas seulement les étudiants algériens se trouvant au Caire. À Alger aussi, il existe un autre cas de diplômes non reconnus qui touche près de 200 étudiants de l'Institut supérieur arabe de traduction (à Dély-Ibrahim). Après une formation de plusieurs mois, et après avoir déboursé chacun entre 4 000 et 5 000 dollars, ils se retrouvent avec des diplômes non reconnus : “Pourtant, on nous avait bien précisé avant l'inscription qu'on obtiendra au bout un magistère académique et scientifique reconnu”, nous dira l'une des étudiantes contactée. La première promotion, une soixantaine d'étudiants, est déjà sortie en avril 2008, et ce n'est qu'après qu'ils ont su que leurs diplômes ne sont pas valables. Parmi eux, il y a des Egyptiens, des Tunisiens et des Libanais et selon l'étudiante citée plus haut,“tous ont vu leurs diplômes non reconnus dans leur propre pays, pour la simple raison, leur a-t-on rétorqué, que le pays d'accueil ne les reconnaît pas”. À l'instar de leurs camarades du Caire, ces étudiants seraient sur le point de porter l'affaire en justice. Salim Koudil