Le Hamas et le Fatah sont condamnés à vivre en bonne intelligence. Leurs dissensions les a menés droit au mur et l'offensive israélienne sur Gaza aura au moins servi à faire conscience aux deux frères ennemis qu'il n'y pas d'autre issue pour eux comme pour le peuple palestinien que la voie de la réconciliation. Les dirigeants du Fatah et du Hamas réunis au Caire, la semaine passée, se sont enfin mis d'accord sur la formation d'un gouvernement d'entente nationale d'ici à la fin du mois de mars. Et, c'est le plus important, cette fois-ci les eux parties savent qu'elles ne peuvent plus tergiverser ni essayer de rouler chacun pour soi. Le massacre des Gazaouis fin 2008 et janvier 2009 a changé la donne pour les Palestiniens. La dernière entente Hamas-Fatah est vraiment celle de la dernière chance. Cela tient bien sûr au contexte post-offensif israélien qui a changé la donne aussi bien pour le Fatah que pour le Hamas. La résistance de Gaza a très fortement augmenté la popularité du mouvement islamiste non seulement dans son propre fief qu'est cet enclave palestinienne depuis 2007, mais également en Cisjordanie, l'autre morceau de la Palestine gouverné par l'Autorité palestinienne d'obédience Fatah. Le Hamas est perçu par tous les Palestiniens, toutes tendances idéologiques confondues, comme “protégeant les intérêts nationaux des Palestiniens”. Du côté du Fatah, le Premier ministre Salam Fayyad a été complètement décrédibilisé en Cisjordanie où il est accusé “de coopérer” avec Israël. Le Fatah plus que le Hamas qui, lui, souffre d'isolement sur la scène internationale même chez les Arabes de la région moyen-orientale, a donc tout à gagner en intégrant les islamistes dans un gouvernement d'union afin de retrouver sa légitimité. Ce gouvernement devrait permettre au Hamas de sortir de l'étouffant et intenable isolement. Le Fatah et le Hamas ont donc besoin l'un de l'autre. Et c'est ce qui explique leur soudaine disponibilité et leur dynamique de rapprochement. Mais sur quoi portent leurs conciliabules et négociations ? Ils portent sur qui aura la main sur les postes-clés, à savoir les ministères de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances. Pour la Défense, l'enjeu est de savoir qui sera à la tête des forces de sécurité. Pour les Affaires étrangères, ce sont les négociations avec la communauté internationale qui sont concernées. Enfin, l'enjeu pour les Finances est l'utilisation des aides internationales, notamment pour la reconstruction de Gaza. Pour la communauté internationale, dont des représentants se sont réunis hier à Charm el-Cheikh, la station balnéaire égyptienne sur le Sinaï, ces postes névralgiques devraient rester entre les mains du président de l'Autorité palestinienne. La réunion du Caire a abouti à la création de cinq commissions pour régler les désaccords. Malgré cette volonté de former un gouvernement d'entente nationale, il y a beaucoup de méfiance entre les deux camps. Le Fatah a peur que le Hamas n'opère le même coup de force en Cisjordanie que dans Gaza. En outre, le Fatah invite Hamas à s'intégrer dans l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), mais la charte de cet organe suprême de la Palestine reconnaît l'Etat d'Israël : il faudra donc que le Hamas l'accepte. Et le Fatah pense ainsi contrôler Hamas dans l'OLP. Les deux camps doivent maintenant s'accorder sur l'objectif du Hamas vis-à-vis de l'organisation. Cela dit, le plus préoccupant pour les Palestiniens est qu'Israël est en train de se doter d'un nouveau gouvernement avec, à sa tête, Benjamin Netanyahu. Et le gouvernement en cours de formation en Israël est peu enclin au dialogue de par la personnalité de Netanyahu qui lui n'a pas pris de gant pour dire qu'il ne reconnaîtra jamais d'Etat Palestinien. Tout juste s'il peut concéder une autonomie économique aux Palestiniens ! Et il ne faut pas attendre des pressions de la part des Etats-Unis sur Israël. Obama n'a pas bougé le petit doigt lorsque les Gazaouis étaient bombardés. Il est donc vital pour les Palestiniens de parler d'une seule et même voix afin d'avoir plus de poids dans les discussions. La réconciliation inter-palestinienne est donc un enjeu de taille pour la suite du conflit israélo-palestinien. D. Bouatta