La daïra de Guenzet, dans la wilaya de Sétif, a vécu, ce week-end, au rythme d'intenses festivités commémoratives organisées par la coordination locale du arch des Ath Yaâla à l'occasion du 2e anniversaire de l'assassinat du jeune Lyès Yakoub, tué par un gendarme le 20 juin 2001. Le coup d'envoi de ces festivités a été donné, avant-hier, dans la matinée, par une délégation de l'Interwilayas des archs, qui a rendu visite à la famille du défunt. Après cette escale au domicile familial, les animateurs du mouvement citoyen de Kabylie, accompagnés de nombreux citoyens de la région, se sont aussitôt dirigés vers la tombe de la victime où ils ont organisé un recueillement, suivi du dépôt d'une gerbe de fleurs. Ensuite, la foule prendra la destination du centre-ville de Guenzet pour procéder à l'inauguration d'une stèle commémorative érigée à la mémoire du défunt, juste en face du siège de la brigade de gendarmerie locale où le jeune Lyès Yakoub tombait le 20 juin 2001. “Aujourd'hui, le devoir de mémoire nous interpelle tous. C'est pour cela que nous sommes là. Nous devons honorer la mémoire de nos martyrs”, lancera Dda L'djoudi Hamouche, membre de la présidence tournante de la CICB, sous un tonnerre d'applaudissements, suivis de “Ulac smah ulac”, “Pouvoir assassin”. À quelques dizaines de mètres de là, à la placette du village, est organisé un grand meeting populaire, animé par les délégués de l'Interwilayas. C'est le délégué de Guenzet, M. Zahir Hamouda, qui rappellera à l'assistance la violente vague de répression qui s'était abattue en 2001 sur cette région berbérophone isolée et délaissée par les pouvoirs publics. Intervenant au nom de la présidence tournante de la CICB, Djoudi Hamouche reviendra sur l'historique du mouvement citoyen et ses objectifs, avant d'appeler la population locale à “plus de mobilisation et de vigilance afin de dépasser cette phase à la fois difficile et décisive”. De son côté, Zahir Aït Hammouda, délégué d'Ath Djellil, a tenu à rendre “un grand hommage aux martyrs d'hier et à ceux d'aujourd'hui, de cheikh El-Mokrani à Lyès Yakoub !” Abordant la question du dialogue auquel a appelé Ahmed Ouyahia, l'orateur dira : “Tous les conflits du monde se terminent autour d'une table de dialogue. Mais nous devons poser des préalables à cette offre de Ouyahia”. Pour sa part, le chanteur Boudjemaâ Agraw estime que “la Kabylie ne devrait pas continuer à sacrifier ses meilleurs fils, car elle en a trop donné”. Concernant l'offre de dialogue, cet artiste-délégué précisera que “c'est à vous, la base, d'en décider”. K. O.