Il y a un mépris par rapport aux usagers dont le problème réside dans l'incapacité de financer le parachèvement de leurs constructions. La nouvelle loi fixant les règles de mise en conformité des constructions et de leurs parachèvements est très controversée par l'ensemble des experts architectes. Ces derniers estiment que le décret exécutif n°09/154 fixant les procédures de mise en oeuvre de la déclaration de mise en conformité des constructions et leur achèvement est incomplet. Pour cause, ils estiment que les mesures d'appui et d'accompagnement ainsi que les aides techniques n'ont pas été établies suite à la promulgation de cette loi. Dans ce cadre, une journée de sensibilisation et de vulgarisation sur le décret a été organisée par le Collège national des experts architectes (Cnea) hier, aux Palais des raïs (Bastion 23) en présence d'un panel d'experts dans le domaine. Selon Boudaoud Abdelhamid, président du Cnea, «il y a un mépris total par rapport aux usagers dont le problème majeur réside dans l'incapacité de financer le parachèvement de leurs bâtis», soulignant dans ce sens qu'«il faut une régularisation, cela veut dire une étude d'évaluation au cas par cas selon les objectifs du plan d'urbanisation, avec l'apport des architectes lesquels ne sont pas mis à contribution alors que leur rôle est primordial». Pour rappel, le nombre d'architectes avoisine actuellement les 12.000 à l'échelle nationale. «Un nombre suffisant à même de permettre la réussite de ce processus», a ajouté M.Boudaoud, faisant remarquer aussi que près de 1.175.000 bâtis sont inachevés à l'échelle nationale. Ce chiffre indique à quel point il faut élaborer une stratégie d'évaluation et d'étude d'urbanisation. Il faut savoir que le parc national est estimé à 7 millions d'habitations. De son côté, le professeur Chelghoum Abdelkrim, spécialiste en génie sismique, estime que la loi du 20 juillet 2008 portant achèvement des édifices «est nécessaire mais incomplète.» Il faut d'abord une classification des zones où sont érigées des constructions à haut risque. «Une évaluation des risques se fait par un plan de prévention au niveau de chaque commune, induisant dans ce sens qu'une loi doit se préparer avec une supputation et en concertation avec les architectes», a encore indiqué M.Chelghoum. Par ailleurs, les spécialistes sont unanimes sur le fait que la réhabilitation des façades aveugles des constructions, la réalisation complète de l'ossature sont indispensables afin d'avoir un cadre bâti esthétique et harmonieusement aménagé. Aussi, la mise en conformité institue des mesures correctives sur les plans urbain, architectural et structurel à savoir l'étude parasismique. M.Lounaci Saïd, architecte ingénieur estime pour sa part que, «l'attribution des lots de terrain a été faite par le biais de la politique d'offres sociales, donc pourquoi ne pas continuer dans ce sens en créant un financement social, dont les banques doivent appuyer cette démarche avec des taux d'intérêt équivalant zéro ou 1%», a-t-il fait remarquer. «Ainsi, les usagers pourront finir leurs constructions sur des bases solides», conclut-il. M.Lounaci a insisté sur le point des constructions sur des bases solides, rappelant que près de 950 nouveaux ouvrages se sont effondrés par manque d'expertise, d'étude et d'analyse des normes architecturales. Aussi, durant cette rencontre la problématique du vieux bâti a également été posée. Pour certains, le constat dressé est que le processus de réhabilitation et d'aménagement est loin d'être achevé, alors que d'autres estiment que la démolition s'impose.