Les différents ministres ont été instruits, dit-il, de réserver “un pourcentage raisonnable” aux femmes afin qu'elles dirigent des directions centrales et des entreprises publiques. Comme il était attendu, le chef de l'Etat a annoncé hier une série de mesures en faveur de l'accès des femmes aux hautes fonctions de l'Etat et aux postes politiques à l'occasion d'une cérémonie organisée pour célébrer la journée de la femme au Palais des nations. M. Bouteflika a promis de poursuivre la nomination de femmes à des postes d'ambassadeur, recteur d'université, wali, président de cour et membre du gouvernement. Le président de la République a affirmé, en outre, avoir instruit les différents ministres de “réserver un pourcentage raisonnable” aux femmes pour des postes de directeur central et chef d'entreprise publique et avoir chargé le Conseil national de la femme et de la famille de créer en son sein un département chargé du développement et de la promotion de l'emploi féminin devant proposer annuellement des mesures allant dans ce sens. À ce moment-là, Mme Benmihoub-Zerdani, membre du Sénat, se lève et demande à M. Bouteflika de fixer immédiatement un pourcentage pour l'accès des femmes aux postes de responsabilité. À cela, le président répond que “la compétence doit primer”. M. Bouteflika consent toutefois à dire que “s'il est indéniable que les femmes ont investi la vie active, il est tout aussi indéniable que leur accès aux postes de responsabilité est encore limité. Le faible nombre des femmes dans les emplois supérieurs montre qu'elles ont moins accès à la prise de décision que les hommes”. Il fait remarquer que les femmes, à la recherche d'une autonomie financière, ayant investi de nombreux secteurs, restent minoritaires dans le monde du travail, ne représentant que 16% de la population active. Il pense également que la présence des femmes au niveau du gouvernement et du parlement “gagnerait sans doute à être renforcée, car il me paraît, notamment pour les fonctions électives, que les femmes occupent encore une place trop limitée”. Selon lui, ce constat est un “chantier passionnant à ouvrir avec les associations de femmes, les syndicats, les partis politiques. C'est un chantier essentiel où le rôle des formations politiques est déterminant. C'est de leur volonté et de leur sincérité à encourager les candidatures féminines à des postes d'éligibilité que dépend en grande partie la participation politique des femmes. Les partis politiques, la société civile, l'action gouvernementale et législative ont, dans ce domaine, une grande part de responsabilité”. La dernière révision constitutionnelle a, estime-t-il, ouvert la voie à cette orientation ; il instruit le ministre de la justice d'installer une commission devant proposer un projet de loi organique “mettant en œuvre les principes constitutionnels en faveur d'une plus grande participation de la femme dans les assemblées électives”. Une commission de même acabit que celle qui a travaillé sur les amendements du code de la famille. M. Bouteflika propose également d'aider les femmes à concilier leur vie professionnelle et leur vie de famille en engageant une réflexion sur “ce qui permettra d'ouvrir des perspectives réelles aux femmes travailleuses rassurées par la prise en charge socioéducative de leurs enfants, à chaque fois que cela est possible”. Le chef de l'Etat reconnaît que “nous avons vécu des évènements douloureux, marqué par les remises en cause et les reniements qui, sous la pression de mouvements rétrogrades et sous l'effet d'idées obscurantistes et étrangères à notre culture, ont tenté de porter atteinte au statut de la femme dans notre société”. Il poursuit que “ce déferlement de violence a menacé le pays tout entier, les femmes en particulier, car il s'est fixé pour but de mettre fin à leurs ambitions et à leurs espoirs”. Il salue le courage de la femme, en cette période qu'il qualifie de “trouble, violente et dangereuse” et estime que “cette résistance est révélatrice de la force et de la détermination des femmes algériennes à refuser la soumission, la domination, l'injustice et la trahison des idées du 1er Novembre, idées de justice et de dignité pour tous”. M. Bouteflika rappelle enfin que l'égalité des droits entre les hommes et les femmes est consacrée “sans ambiguïté” dans les textes de lois du pays, en premier lieu la constitution, mais sachant que “les questions qui touchent à la promotion des femmes sont souvent délicates et chargées de passion, objet de polémique incessante, d'idées préconçues et de préjugés infondés ; cette complexité laisse supposer, à juste titre, que ces acquis sont forcément fragiles et que le terrain qui reste à parcourir est long et sinueux”. C'étaient là, les principales appréciations et promesses du chef de l'Etat sortant et candidat à la prochaine élection présidentielle autour de la question de l'émancipation de la femme algérienne. Nissa Hammadi