Hier samedi, au lever du jour, au niveau de la gare routière est de Constantine, le quai des bus de Skikda et le carré des taxis étaient vides. Une véritable tension a été créée la veille à l'issue d'un match de football à Skikda qui a tourné au tragique. Habituellement, le site grouillait de monde et de véhicules, surtout que samedi est le premier jour de la semaine. Les voyageurs, qui avaient l'habitude de se déplacer quotidiennement de Skikda, ont préféré reporter leur déplacement le temps que la tension baisse et les esprits s'apaisent. La peur de faire les frais de quelques pseudo-supporters, prêts à venger un des leurs assassiné la veille à Skikda en marge du match CSC-JSMS, a eu raison des centaines d'étudiants, d'employés et même de malades. Des expériences antérieures plaidaient pour la prudence. En ville, dès 9h du matin, des groupes de jeunes et moins jeunes se sont formés dans les lieux habituels de rencontre des Sanafir. Cette fois-ci, les discussions ne tournaient pas autour de l'évolution de tel joueur ou tel autre, mais concernaient le drame vécu la veille. Les uns essayaient de compter les victimes en confrontant des chiffres gonflés par la rumeur qui s'est emparée des ruelles de la cité des Ponts depuis la veille au soir. Les autres tentaient de situer les responsabilités pour que cela ne se reproduise plus, alors que d'autres faisaient la gymnastique pour calmer les esprits. Aux sirènes appelant au lynchage de tout ce qui est skikdi, la sagesse a fini par l'emporter. Une véritable gymnastique devant l'absence des fameux comités de supporters. En effet, ces derniers ont perdu toute crédibilité du fait que personne n'a pu identifier la victime qui n'avait même pas une carte d'identité sur elle au moment des faits. Toutefois, le jeune supporter disparu a été identifié et sa famille réside à la cité populaire Ciloc. Les responsables du club constantinois, qui plaident qu'il est difficile de contenir une foule de 4 000 supporters, qui a fait le déplacement, jettent la responsabilité sur leurs homologues de la JSMS. “On est face à un bilan très lourd, et je suis très déçu par le comportement des dirigeants du club de Skikda”, nous a précisé Mourad Mazar, le président du club du CSC. Toujours selon le président du CSC, certains dirigeants du JSMS ont agressé les joueurs CSC aux vestiaires, après le match. “Il faut des mesures strictes contre ce genre de comportements”, plaidera notre interlocuteur joint hier par téléphone. Des notabilités de Constantine, dont des anciens sportifs, n'ont pas cessé hier d'inviter les supporters au calme situant la responsabilité dans la clochardisation de tout le système de gestion du football. Un système biaisé par l'argent qui circule et la malvie d'une jeunesse rongée par la haine, la drogue et facilement manipulable par les seigneurs de tous les trafics. “Que notre jeunesse, quelle soit skikdie ou constantinoise, évite d'être entraînée dans la violence, car le vrai coupable est ce foot qui, après avoir dégagé une nauséabonde odeur d'argent, est en train de dégager une autre odeur macabre”, explique un éducateur en retraite. Souheila Betina