Répudiée, poussée au chômage et reniée à cause du diabète. Récits sur le calvaire de jeunes diabétiques de l'Algérie profonde. Fatiha est une jeune femme, tout ce qu'il y a de plus normal. La trentaine, elle refuse, cependant, l'idée du mariage… non par choix, mais par obligation et pour cause ! Son amie est décédée, deux jours après avoir convoler en justes noces. “Selma avait un diabète de type II. Une fois chez sa belle famille, elle avait peur de s'injecter sa dose quotidienne d'insuline. Elle est morte deux jours plus tard”, raconte Fatiha, pleine de dépit. (Ce témoignage a été recueilli, en novembre dernier, sur les ondes de Radio Chaîne III, à l'occasion de la Journée mondiale du diabète). La peur de dire qu'on a une maladie chronique, du diabète en l'occurrence, a coûté la vie à Selma. À Malika… ça lui a coûté son mariage. Au XXIe siècle… son histoire tient de l'invraisemblable et a dissuadé plus d'une quant à l'idée du mariage. Selma, jeune mariée, a caché sa maladie à son nouveau mari et ses beaux-parents afin de sauver son “maktoub”. Sans traitement, elle succombera à une hyperglycémie alors que les rites du mariage se tenaient encore. Pour Malika, son traitement (insuline- comprimés) était dans le réfrigérateur lorsque sa belle-mère le découvre, quelques semaines, après ses noces. Cette dernière, inculte de son état, s'empressa d'aller consulter un pharmacien qui confirmera qu'il s'agit d'un traitement pour le diabète. “Je ne veux plus d'elle chez moi”, lança-t- elle au visage de son fils, une fois rentrée à la maison. Aujourd'hui, Malika est divorcée alors qu'elle n'a que 33 ans et se consume dans son diabète. Le monde du travail n'est pas mieux loti. Djamila en témoigne. Elle vient juste de décrocher un emploi dans une ambassade, en Algérie. Pourtant pour trouver un boulot, elle a longtemps galéré, non à cause de la crise du chômage, mais tout simplement parce qu'elle a le diabète. “Ma candidature a été rejetée plusieurs fois, par de précédents employeurs parce qu'à la question : souffrez-vous d'une maladie chronique ? Je cochais la case oui”, dira Djamila. Mais ces derniers ne spécifiaient à aucun moment les raisons de lui refuser un poste d'emploi, Djamila, elle, ne doute pas une seconde que son diabète a fait pencher la balance à son détriment. Avec de la chance, elle a réussi à convaincre son actuel employeur que le diabète est une maladie gérable quand elle est connue. Aujourd'hui, du haut de ses 38 ans, Djamila est une femme épanouie, non seulement grâce à son travail, mais aussi au soutien de sa famille. Ce qui n'est pas le cas de Samir. Un jeune étudiant de 19 ans, originaire de la wilaya de Biskra. Il poursuit ses études dans une faculté à Alger. Son père a toujours refusé le fait que son fils ne fasse pas carême, en raison de sa maladie. Samir, qui vit dans une société conservatrice, est, malgré lui, un renégat pour ses proches. Une accusation plus dure à gérer que le diabète lui-même. Samir, depuis quelque temps, ne vit plus son drame social et culturel, à cause de sa maladie, tout seul. Le programme “Changeons le diabète”, lancé par Novo Nordisk, notamment en Algérie et dont il est membre avec six autres personnes a changé la vie de Samir. Simple et efficace, “Changeons le diabète” est un programme “communautaire” qui travaille auprès des malades atteints de diabète, leur offrant écoute et soutien, en plus de méthodes de prévention, à savoir une alimentation équilibrée et une activité physique régulière. Lynda Nacer