“Ça va très mal dans tous les “cailloux” français hors Hexagone. Après le cyclone dans le Pacifique, aux Antilles, à la Martinique, à la Réunion, voici que la tourmente s'installe dans sa possession de l'Océan indien : l'île de Mayotte des Comores. Les électeurs mahorais seront consultés par référendum le 29 mars sur un changement de statut de leur île. D'abord, la bataille des chiffres : personne ne sait combien il y a réellement d'habitants dans l'île, 100 000, 150 000, 250 000 habitants ! L'état civil est mal géré dans ce caillou de l'Océan indien et, d'autre part, ce bout de France est envahi par des vagues migratoires, venues des îles voisines et surtout des îles sœurs de l'archipel des Comores : Anjouan, Mohéli et Grande Comore. Théoriquement donc, Mayotte, collectivité d'outre-mer depuis 1975, date de l'indépendance des Comores, deviendrait ainsi le cinquième département français d'outre-mer, à l'image de la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Et, par conséquent aussi, le 101e département français. Des Mahorais pensent qu'ils laisseront leur âme, dès lors que leur droit coutumier “cadial”, toujours dérogatoire au droit commun français, sera modifié. Le mariage des femmes sera autorisé à partir de 18 ans et non plus à partir de 13 et la polygamie sera interdite. Les Cadis, autorités religieuses, seront mis au chômage. Cela dit, les Mahorais espèrent un alignement des standards de vie et aides sociales avec la vraie France ! Le réveil sera dur si on regarde ce qui se passe dans les territoires français du Pacifique, plus riches et, disons-le, beaucoup mieux intégrés. À Mayotte, aujourd'hui, le chômage n'est pas indemnisé. Or, les sans-travail constituent 70% de la population. Les partisans du oui rêvent surtout du RMI et des allocations de familles nombreuses, de parent isolé, de solidarité spécifique… Plus dur sera leur réveil, la France étant en crise. L'Union africaine, en retard de plusieurs guerres, a, pour sa part, officiellement demandé le 4 février dernier l'arrêt du processus de départementalisation. Pour l'UA, Mayotte est toujours occupée par une puissance étrangère. Ce qui n'est pas faux. Depuis leur indépendance, les Comores ont été installés dans l'instabilité par leurs dirigeants successifs et, profitant de l'aveuglement des uns et des autres, la France a réussi à se maintenir à Mayotte qu'elle a hissé au rang de collectivité d'outre-mer, antichambre de la départementalisation. Or, la question de l'unité nationale des Comores est loin d'être résolue. 33 ans d'indépendance marquée par une douzaine d'années sous la coupe de mercenaires français, Bob Denard en tête, et par plus de 10 ans de règne du séparatisme à Anjouan, qui ont fait le jeu de la France. Mais le vent du Pacifique devrait donner à réfléchir à la France néocoloniale. D. B.