Grève n Le mouvement de grève générale initié par les syndicats pour lutter contre la vie chère paralyse toujours les îles françaises, notamment la Martinique où les manifestations risquent de dégénérer. Dans l'après-midi d'hier, des incidents ont éclaté encore à Fort-de-France en Martinique, lors d'une manifestation menée par des chefs d'entreprises et des agriculteurs contre le blocage de l'activité de l'île depuis plus d'un mois du fait du mouvement de grève dans les Antilles françaises. En effet, des accrochages sporadiques, des affrontements, des jets de pierres et de bouteilles contre des tirs de lacrymogènes des gendarmes autour de la Maison des syndicats, quartier général du «Collectif du 5 février», ont eu lieu. L'avenue qui borde la Maison des syndicats était coupée par des détritus et des cartons enflammés. La foule scandait en chœur : «La Martinique n'est pas à vous, la Martinique est à nous». Le préfet de cette île a lancé vendredi soir un appel au calme à la population de Fort-de-France. «Je voudrais faire un appel solennel à la population parce que, aujourd'hui, des incidents extrêmement graves ont eu lieu», a déclaré M. Mancini. Malgré l'accord signé dans la nuit de lundi à mardi, qui prévoit une hausse de 200 euros pour les plus bas salaires en Martinique, les grévistes ont appelé à poursuivre la mobilisation entamée depuis près d'un mois jusqu'à un accord sur une baisse des prix. Il s'agit de l'une des principales revendications du collectif de syndicats qui mène la grève contre la hausse du coût de la vie dans l'île, un mouvement identique à celui qui a paralysé la Guadeloupe voisine. Dans cette dernière, où un accord de sortie de grève avait été trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi après 44 jours de grève, le «Collectif contre l'exploitation» LKP exigeait toujours la généralisation de l'accord salarial prévoyant 200 euros d'augmentation pour les bas salaires, rejeté notamment par le patronat local. Elie Domota, leader emblématique du LKP, avait prévenu, dès jeudi soir, qu'il n'entendait pas baisser la garde. «Soit ils appliqueront l'accord, soit ils quitteront la Guadeloupe. Nous sommes très fermes sur cette question-là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l'esclavage.» Une référence aux descendants de colons blancs qui a ravivé le spectre de tensions raciales dans une île à l'histoire marquée par l'esclavage. Le préfet Nicolas Desforges a dénoncé des propos inacceptables, appelant au respect des règles républicaines. Un mouvement qui risque de s'étendre, cependant, vers les autres territoires d'outre-mer. Puisque à la Réunion, une autre île française dans l'océan Indien, des négociations ont débuté entre pouvoirs publics, patronat, élus et le Collectif contre la vie chère qui appelle à une grève générale reconductible à partir de mardi. L'objectif affiché par le préfet est de parvenir à un accord avant le début du mouvement.