Une certitude néanmoins pour le conférencier : les jeunes se désintéressent du discours politique et donc des élections. Le Centre des études stratégiques du quotidien arabophone Echâab a invité, hier, le sociologue Nacer Djabi et le politologue Walid Aggoun pour parler du comportement électoral des algériens. D'emblée, Nacer Djabi a affirmé qu'il est difficile d'aborder la problématique en l'absence d'études sérieuses et de statistiques fiables sur le regard porté des électeurs sur les élections, quelles que soient leur nature et l'appréciation qu'ils en font. Il précise que l'expérience du pays est faible en la matière, considérant que quatre élections présidentielles et autant de législatives sont tenues depuis l'ouverture démocratique de 1989. “Au temps du parti unique, le choix des électeurs était limité. Il n'est pas utile d'inclure cette période dans une étude globale sur le comportement électoral des algériens”, a-t-il ajouté. De son point de vue, les élections peuvent être considérées uniquement comme un mécanisme d'alternance au pouvoir, si on les isole du contexte politique. Ce qui n'est pas raisonnable, bien que le sociologue assure que les partis politiques ne reflètent nullement la configuration sociale du pays, et ne suivent pas ses mutations. Une certitude néanmoins pour le conférencier : les jeunes se désintéressent du discours politique, et donc des élections. “Les scrutins de 2007 ont mobilisé ce que la mosquée fédérait à la fin des années 1970, c'est-à-dire les vieux et les citoyens au bas niveau scolaire et social”, a-t-il soutenu. Il a souligné, par ailleurs, l'émergence du comportement individualiste, soit de la suprématie du “moi” dans une société qui était plutôt dominée par le séculaire “nous”. Il a reproché, alors, aux formations politiques de ne pas avoir saisi ce changement, en continuant à asseoir leurs activités sur les fondements du système des archs. M. Djabi a concédé, en outre, que le taux de participation dans les grandes villes est structurellement bas. Dans ces circonscriptions électorales, paradoxalement à forte concentration des électeurs, la tendance est au vote en faveur de l'opposition. Walid Aggoun, enseignant à l'ENA et à l'Ecole supérieure de la magistrature, n'a voulu évoquer que l'élection présidentielle, pour rester en phase avec l'actualité nationale. Lui aussi a indiqué que le scrutin n'est qu'une opération technique qui porte sur le choix d'un chef de l'Etat. La vraie dimension de la présidentielle est cadrée par la Constitution, laquelle a défini le régime du suffrage universel et le statut institutionnel pour le président de la République. Il a soutenu que le premier magistrat du pays assume “une fonction d'incarnation de l'Etat que nulle autre institution ne possède. À partir de là, il devient le pivot central de l'organisation institutionnelle”. De fil en aiguille, et sans le dire clairement, il a donné une explication aux interférences inévitables de l'institution présidentielle dans les autres pouvoirs, notamment l'Exécutif et le législatif. Souhila H.