Avant de parler d'une stratégie industrielle, il serait plus opportun, selon les experts, d'envisager le problème sous forme de know how, avec au sommet le donneur d'ordres et d'orientations stratégiques qui serait le leadership politique national. Le leadership qui devrait définir les objectifs principaux, grâce à une visibilité plus nette du champ économique national. “Parler de stratégie industrielle devrait intégrer la notion d'internationalisation, et sous-entendre le développement d'une stratégie de développement durable aussi. Les conditions à remplir sont les suivantes : régionalisation selon les possibilités offertes par chaque région, et ses avantages comparatifs, en main-d'œuvre qualifiée, en ressources naturelles, en encadrement, en formation, en instituts capables de former pour le monde de l'économie réelle les besoins du terrain”, selon le professeur Bouyahiaoui qui pense qu'en deuxième lieu, il serait vital d'orienter cette stratégie industrielle vers des pôles d'excellence (afin de produire ce que l'on sait faire de mieux, et au moindre coût, tout en espérant affronter avec succès la concurrence). Il faudrait, toujours selon lui, accompagner les entreprises ainsi créées, dans leur stratégie d'internationalisation et de diversification. La notion de “champion”, d'après le professeur Bouyahiaoui, n'est pas nouvelle. Elle a été reprise par M. Temmar à partir du modèle français ou sud-coréen,. Or, il est incontestable que l'objectif de toute stratégie industrielle nouvelle devrait tenir compte d'abord, et avant tout, de la nécessité absolue de se débarrasser de la tare actuelle de l'économie du pays pour sa quasi totale dépendance des hydrocarbures. “Si l'Algérie avait pu disposer d'un centre de prospective, de veille stratégique et d'intelligence économique, le leadership algérien aurait pu décider avec une meilleure visibilité de ce qu'il y aurait de mieux à faire dans les circonstances actuelles, et en des délais raisonnables, pour orienter la politique économique du pays vers des choix stratégiques de développement déterminants pour l'avenir, et ainsi échapper à la dépendance des hydrocarbures. Le programme prévu pour un très proche avenir engage une enveloppe de 150 milliards de dollars. Si cette institution d'intelligence économique avait existé, les retombées de ce programme auraient été étudiées, ainsi que les capacités réelles d'absorption de l'économie du pays, dans son état actuel. Ce qui pourrait nous épargner bien des désillusions dans un avenir pas si lointain, une fois que l'argent aura été dépensé, peut-être, à Dieu ne plaise, en vain, au lieu de (re)produire de la richesse”, conclut le professeur Nacer Bouyahiaoui, toujours sceptique en ce qui concerne les politiques de stratégie industrielle engagées par l'Exécutif à ce jour, à l'instar de nombreux économistes peu écoutés. Mais peut-être qu'en ces temps de campagne présidentielle, quelques voix autorisées réussiront-elles à se faire entendre, et écouter.