Les commerçants “réunis” ont été très clairs : soutien total à Bouteflika et (pour ne pas dire contre) effacement de la dette et amnistie fiscale. Quoi de plus normal que d'appuyer un candidat qui n'a pas besoin de faire des promesses ? Le président-candidat a l'avantage d'avoir la victoire certaine. Quand il promet, cela revient à payer cash. Les smicards, les agriculteurs et les étudiants sont les premiers heureux “élus” de cette campagne sonnante. Après les patrons d'entreprise, c'est au tour des commerçants de l'UGCAA d'aller à la soupe. Seulement, le dialogue entre le candidat et les corporations d'affaires semble tourner au malentendu. Car, en fait, a-t-il besoin de leur soutien pour être élu ? La question peut même être posée de la manière suivante : qui a besoin du soutien de l'autre ? En effet, bien que les demandes ne soient pas formulées en termes de conditionnalité ou d'exigences, l'appel du pied est toujours concomitant à la déclaration de disponibilité. On peut donc voir le lien à peine voilé entre les deux. Or, c'est justement parce que les jeux sont faits que ce type de rapports au candidat est possible. La question, intéressée, est de soutenir ou pas le candidat Bouteflika. Ce n'est même pas une question, d'ailleurs. Mais pourquoi ne sollicite-t-on rien des autres candidats ? Même pas “au cas où”. On préfère s'adresser au futur président. En définitive, on apporte sa caution à une affaire pliée et emballée et l'on demande d'être payé en retour. Le tout est enveloppé d'argumentaires qui devraient servir à faire vrai. Quand l'issue d'une élection ne dépend de rien qui puisse se passer en termes de campagne électorale, cela doit être laborieux de vouloir plonger tout un pays dans une atmosphère électorale. Ces requêtes trop précises et trop catégorielles chahutent les efforts consentis pour donner une apparence politique à l'opération. Que peut alors croire le président de la commission de surveillance des élections quand il s'engage sur la transparence de la consultation ? M. Teguia est catégorique, en effet : les fraudeurs seront punis. Si, déjà, il ne rentre pas à dix heures chez lui, comme se justifiait un de ses prédécesseurs, on aura fait des progrès dans la transparence des urnes. Et puisqu'il a décidé de sévir, on lui demandera de réprimer les dépassements déjà constatés en sanctionnant, par exemple, ceux qui ont débuté la campagne avant demain, date officielle de lancement de la compétition électorale. Et en sanctionnant tous ceux qui tenteront de monnayer leur soutien à un candidat. Ce n'est pas parce que le Trésor, les banques et les impôts ne votent pas qu'ils doivent faire les frais, c'est le cas de le dire, d'une opération politique. Déjà qu'il faut de l'argent pour financer la campagne, pour réaliser la couverture médiatique, pour payer les commissions de surveillance, pour inviter des observateurs… Et avec cela, il faudrait effacer des dettes et des arriérés d'impôt ? On vous a dit : votez pour qui vous voulez, mais votez ! On vous dit : négociez ce que vous voulez, mais pas nos voix ! Elles ne sont pas à vendre ; on nous les a déjà confisquées. M. H.