De l'aveu même du président de l'ASMO, le deuxième club de football d'Oran, la dernière rencontre qui l'a opposé à son voisin d'El-Hamri, le MCO, pour se placer en vue de décrocher un des sésames pour l'accession en division supérieure, a été celle de tous les dépassements. L'enjeu de cette rencontre sportive a été l'occasion pour les faussaires ayant pignon sur rue d'écouler quelque 5 000 billets scannés, revendus à 100 DA au lieu des 200 habituels, selon Mohamed El Morro, ce qui a faussé tous les calculs des officiels du club cher à M'dina J'dida. En effet, devant l'affluence record qu'a connue le stade Habib-Bouakeul et la mise en circulation des faux billets d'accès, les invités du club, dont des sponsors importants du club, à l'image de Maghreb Emballage, n'ont pu accéder aux tribunes malgré l'intervention du président asémiste auprès des services d'ordre. Cette pratique est pourtant une “habitude”, pour reprendre le terme d'un ancien dirigeant sportif lors des rencontres de football. “Il y a toujours des billets scannés en circulation le jour du match, qu'il soit important ou non, et c'est pour cette raison qu'il existe autant de passion et d'intérêt autour des clubs de foot”, expliquera-t-il. Par ailleurs, le marché local, mais aussi national, doit faire face à de faux billets de 1 000 DA, sortis tout droit d'une planche à faux billets de très bonne facture, qui passent de main en main à travers des transactions commerciales réalisées en cash. Un importateur de rond à béton, obligé de traiter avec des clients allergiques aux chèques en bois, a été plusieurs fois victimes de ces billets difficilement repérables même par les détecteurs de faux billets de banque. Pour certains clients rencontrés dans une banque de la ville, ce sont les fameux 1 000 DA provenant d'une imprimerie clandestine en Italie qui auraient échappé à la saisie opérée par la police financière italienne (GDF). Cette découverte, rappelons-le, a été faite dans la région de Naples, vers la fin du mois de janvier dernier, avec comme prise l'équivalent de près de 3,5 millions d'euros. La GDF affirme, dans le communiqué qu'elle a rendu public à cet effet, que “des machines d'imprimerie sophistiquées, 350 000 billets de 1 000 DA et une importante quantité de papier spécial ont été saisis”. Le plus inquiétant est que les Italiens soulignent que “les faux billets saisis sont d'une qualité très élevée car ils ont été imprimés sur du vrai papier à billet avec les filigranes, muni d'un fil de sécurité, provenant probablement d'une entreprise de ce secteur”. En plus de près de 400 kg de ce papier qui ont été saisis, la police a procédé à l'arrestation d'un typographe napolitain en train de fabriquer des billets algériens. Malgré toute leur perfection, ces billets offrent pourtant, selon les connaisseurs, un défaut dans la cuirasse visible à l'œil nu puisque en lieu et place du mot “El Mouhafedh”, on peut lire “Mouhafedh”, une faute d'impression qui trahit le faux billet. SAïD OUSSAD