Au cinquième jour de sa campagne électorale, Abdelaziz Bouteflika se lâche et rappelle à qui veut l'entendre qu'il se porte comme un charme. “C'est mon jour, aujourd'hui. Je vous ai laissé parler pendant dix ans. Laissez-moi parler maintenant.” N'arrêtant pas de tancer les citoyens qui l'interrompaient pendant son bref discours à la Maison de la culture de Tiaret, avec ses fameux “riyah” (assieds-toi), Bouteflika était visiblement irrité par les recommandations du Forum des intellectuels tenus à Tiaret, la veille de son arrivée, et lues à l'assistance avant son intervention. Dans ces recommandations, il est dit que la réconciliation nationale devrait être approfondie, à travers une plus grande ouverture du champ politique et l'établissement d'un Etat de droit. Bouteflika répliquera : “Je suis en avance par rapport à vos thèses.” Le Président-candidat maintient les portes de la réconciliation nationale ouvertes et laisse entrevoir d'autres initiatives dans ce sens. Mais, pour la première fois, Bouteflika exige des repentis qu'ils demandent pardon au peuple : “S'ils se sont égarés, il faut qu'ils le reconnaissent devant le peuple algérien. Il faut qu'ils l'admettent publiquement.” Interpellé par un Patriote qui lui demande “pourquoi nous avez-vous oubliés ?”, Bouteflika, tout en rendant hommage aux forces de l'ANP et aux services de sécurité, a affirmé que “la République veillera à la préservation de leurs droits, comme elle a veillé sur les moudjahidine”. Bouteflika martèlera que les portes de la réconciliation nationale restent ouvertes, estimant que la question ne se réglera pas à travers des ultimatums. Très remonté contre les dirigeants islamistes qui critiquent leur pays de l'étranger, et qui complotent contre leur propre pays, Bouteflika a estimé qu'il n'avait aucun complexe vis-à-vis des islamistes, rappelant au passage que la Révolution avait comme objectif de bâtir un Etat se conformant à l'Islam et que dans l'Alliance présidentielle qui le soutient, le parti du MSP est un parti islamiste parfait, prônant l'islam tolérant et logique. Le Président-candidat n'a pas omis d'appeler la population de Tiaret d'aller voter en masse le 9 avril prochain. Et, comme pour tous ses déplacements antérieurs, Bouteflika a eu droit à deux bains de foule à Tiaret et à Tissemsilt. A. B.