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“Les réformateurs de l'Islam sont, soit au cimetière soit en Europe” Le Pr Pierre Bidart, directeur de l'école doctorale des sciences humaines et sociales à l'université
Rencontré en marge du colloque international sur “la tolérance en Islam”, organisé par le HCI qui a débuté hier, le professeur Pierre Bidart, directeur de l'école doctorale des sciences humaines et sociales à l'université de Bordeaux II, a abordé le thème de la tolérance sous l'angle de la réforme. Pour cet anthropologue, la réforme de l'Islam, qui “s'est arrêtée au moment où a débuté la Renaissance en Europe”, a besoin de “génie” pour pouvoir se relancer. Se voulant plus “concret”, il reviendra sur les fameux dialogues entre Averroès (Ibn Rochd) et le juif, Maimonide, à Cordoue (en Andalousie) au XIIe siècle (le livre de Jacques Attali “la confrérie des éveillés” publié en 2004 est une bonne référence sur ce sujet pour ceux qui s'intéressent) avant de se poser la question : “actuellement y a-t-il des réformateurs en Islam ?”. Sa “sentence” était sans ambiguïté : “Ma réponse tout en étant pathétique : les réformateurs en Islam sont soit au cimetière, soit en Europe.” Pour lui, le meilleur exemple se trouve dans “sa” région, Bordeaux : “il y a sur place un imam, Tariq Oubrou. Il est d'origine tunisienne, d'environ 45 ans, et fait un excellent travail. Il ne travaille pas pour les algériens ou les tunisiens, mais pour tous les musulmans de France.” Défendant la thèse d'un islam différent, Bidart nous affirma : “c'est tout à fait possible d'avoir des islams pour chaque pays. Il y a bien un catholicisme français, espagnol et italien, et donc c'est réalisable même si les fondamentalistes n'aiment pas du tout cette idée de séparation géographique de la religion”, avant de préciser : “j'étais, il y a quelques semaines, en Arabie Saoudite et j'étais vraiment surpris par leur système juridique totalement basé sur la charia. C'est inimaginable chez nous.” Sur sa présence au colloque qui a débuté hier (pour durer trois jours), il nous parlera de la conférence qu'il compte donner demain mercredi et dont l'intitulé est “tolérance et question religieuse”. Le professeur Bordelais n'omettra pas de nous lancer avec un sourire : “aussi, la finalité du HCI c'est d'imaginer un islam pour l'Algérie.” Un axe que n'a pas été abordé par le président de cette instance, M. Cheikh Bouamrane, lors de son intervention pour l'ouverture du colloque ou encore lors de son point de presse improvisé lors de la pause de la matinée d'hier à l'hôtel El-Aurassi. Sur les raisons de l'organisation de cette rencontre autour du thème de la tolérance, ce dernier en donna deux : “pour montrer la vraie tolérance en éliminant l'intégrisme et aussi pour répondre à tous ceux qui attaquent l'islam.” Concernant les participants, on notera que la quasi-majorité des conférenciers, prévus pour ces trois jours, sont des Algériens. Seulement deux étrangers (français) sont au “programme”. En plus du professeur Bidart, il y a aussi le professeur Pierre Guichard de l'université de Lyon II qui interviendra aujourd'hui. Concernant “nos” conférenciers, la plupart sont des universités d'Alger, de Constantine, de Tizi Ouzou et de Béjaïa ou encore membres du HCI. Mais il y aura aussi au menu des Algériens venant de l'hexagone et qui interviendront lors de la dernière journée. Il s'agit du docteur Hocine Raïs de la mosquée de paris (l'intervention prévue est “définition de la tolérance avec les non musulmans dans le Coran et la Sunna”), de professeur Sadek Salem de Paris (avec “deux exemples de réplique aux accusations adressées à l'islam au XIXe siècle”) et enfin le professeur Tayeb Ould Arroussi de l'institut du monde arabe de Paris qui abordera l'histoire de la conversion à l'islam de l'Abbé Jean-Marie Duchemin (1908-1988) et de son impact sur les musulmans. Salim Koudil