Le colloque international sur la tolérance en islam, organisé par le Haut Conseil islamique, s'est clôturé hier. Si la perspicacité du choix du thème est à saluer dans une période où la religion mahométane subit des attaques régulières et abjectes, les différentes interventions des conférenciers avaient ceci de morose qu'elles se ressemblaient presque toutes. Les mêmes arguments, les mêmes versets coraniques et faits historiques sont revenus systématiquement. Les interventions s'apparentaient plus à des prêches qu'à des explications franches et directes. Les conférenciers ont présenté des thèmes intemporels et des sujets presque «incolores», s'obstinant à chaque fois à justifier la tolérance de l'islam à travers des faits et des personnalités historiques. Or, la véritable question qui devait être posée est : qu'en est-il de l'islam aujourd'hui ? Les points sensibles et les réponses aux questions récurrentes et qui se veulent «provocatrices», alimentant l'imaginaire des islamophobes ont été simplement occultés. Le droit de la femme, le djihad, la polygamie et d'autres sujets sans cesse mis en avance par les détracteurs de l'islam pour discréditer la religion n'ont pratiquement pas été abordés. Toutefois, en dehors de ce petit reproche, il reste que le recours aux textes de référence de l'islam : le Saint Coran, la sunnat ainsi qu'au comportement exemplaire du Prophète Mohamed (QSSSL), ses compagnons et d'autres personnalités historiques, et même la mise en valeur des écrits de certains orientalistes, dits «justes», a permis de donner une image générale de la religion. Ce qui ressort de ce genre de récit, c'est que la violence, le rejet de l'autre et l'intolérance ne sont pas intrinsèques à l'islam. Sur le dialogue inter-religions, le professeur Pierre Bidart de l'université de Bordeaux a mis le doigt sur l'essentiel de la problématique. «Tolérer, c'est admettre et permettre mais quoi ? Comment peut-on définir cette notion ? Que faut-il ou pas tolérer ? La meilleure définition, c'est lutter contre l'indifférence. C'est faire l'effort de connaissance et dispenser une éducation en faveur de la diversité», explique-t-il. De son côté, le professeur Salah Belaïd a présenté un véritable réquisitoire contre ce qu'est devenu le musulman du XXIe siècle et le retard accumulé dans tous les domaines. «Il faut changer le comportement général des musulmans. Et cela doit se faire à travers la valorisation de l'éducation, dans les notions de citoyenneté, de la paix sociale. Il faut accorder infiniment plus d'importance à l'éducation, aux penseurs, imams et éducateurs. La société civile doit s'engager davantage également pour les médias», assène le professeur. Pour conclure, le Pr Belaïd déclare : «Nous devons trouver des moteurs de recherche performants et très efficaces, capables d'effectuer une lecture objective et affinée des données actuelles afin de pouvoir, non pas concurrencer nos détracteurs, mais simplement pour ne pas chuter davantage.» S. A.