La campagne électorale s'avère une opportunité en or qui s'offre aux propriétaires des appartements, villas et locaux inoccupés — ou vidés pour la circonstance — pour se remplir grassement les poches. Pour un bail de deux mois, les staffs de campagne des candidats à la présidentielle payent jusqu'à 200 000 DA et parfois davantage. Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a assuré, la semaine dernière lors de sa rencontre avec les représentants de la presse nationale, qu'il n'est guère utile de prendre des mesures coercitives à l'encontre des auteurs de l'affichage sauvage lors de la campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril prochain. M. Zerhouni est certainement un homme avisé, puisqu'en définitive, ce sont les comités de soutien au Président-candidat qui se montrent peu respectueux des règles d'affichage. Aussi bien à Alger, qu'à Tipasa, et certainement ailleurs, les façades des immeubles sont habillées de posters géants représentant Abdelaziz Bouteflika la main tendue et le sourire aux lèvres, et portant des slogans récurrents sur ses promesses tenues durant les dix années qu'il a passées dans sa fonction de premier magistrat du pays, notamment la réalisation de un million de logements. C'est par millions que les posters à l'effigie du prétendant à un troisième mandat sont imprimés et placardés presque partout à travers le pays. L'argent ne manque guère dans l'escarcelle du Président-candidat, à telle enseigne qu'on spécule que les 15 millions de dinars, alloués par l'Etat à chaque candidat à titre de subvention qui contribuerait aux dépenses de la campagne électorale, représentent pour lui des clopinettes. “Nous n'avons commandé que les bâches (posters géants, ndlr) qui ornent les salles de meetings et 1,2 million d'affiches pour les panneaux réglementaires. Le reste est pris en charge par les comités, les organisations et les partis politiques qui soutiennent la candidature de Abdelaziz Bouteflika”, a attesté M. Abdeslam Bouchouareb, directeur de la communication à la direction de campagne du Président-candidat. Procédure identique est suivie pour la location des permanences électorales. “Nous ne prenons en charge que les directions de campagne dans les chefs-lieux de wilaya”, a-t-il affirmé. Il faut reconnaître que les soutiens du Président sortant, rempilant pour un troisième mandat, sont non seulement nombreux mais bien nantis, pour ne prendre en considération que la lourde logistique dont disposent les trois formations de l'Alliance présidentielle. L'argent coule à flots. Heureux celui qui parvient à en profiter. La campagne électorale s'avère une opportunité en or qui s'offre aux propriétaires des appartements, des villas et des locaux inoccupés — ou vidés pour la circonstance — pour se remplir grassement les poches. Pour un bail de deux mois, les staffs de campagne des candidats à la présidentielle payent jusqu'à 200 000 DA et parfois davantage. La villa, qui abrite le QG de campagne de M. Bouteflika, aurait été louée à 700 000 DA par mois. Au-delà, à chaque coin de rue, un espace, grand ou plus réduit, est aménagé en permanence électorale du chef de l'Etat sortant, postulant à la présidentielle pour sa propre succession. Les prix affichés par les propriétaires sont largement majorés, frisant parfois l'exorbitance. Les candidats, aux finances plus modestes, n'ont pas manqué, non plus, de mettre la main à la caisse. M. Benziadi, directeur de campagne de Mohand-Oussaïd Belaïd, a indiqué qu'au moins un espace a été réservé dans tous les chefs-lieux de wilaya pour héberger une permanence électorale. “Nous avons loué des appartements et des locaux entre 25 000 et 100 000 DA par mois.” Il a précisé que le prix du loyer change au gré du standing du quartier et de l'importance de la ville. Il a ajouté que 70 000 affiches électorales et 50 000 livrets du programme livré en arabe et en français ont été imprimés. Les chiffres donnés par Djelloul Djoudi, artisan de la campagne électorale de Louisa Hanoune, sont nettement plus importants. Il a certifié que 300 000 affiches nationales et 600 000 supports portant les mots d'ordre de campagne — déclinés en trois formats — ont été réceptionnés. Notre interlocuteur a rapporté, par ailleurs, que des permanences ont été ouvertes dans chacune des 1 541 communes que compte l'Algérie. “Nous avons occupé nos sièges régionaux. Dans certains cas, des militants nous ont prêté des locaux et nous avons loué les autres entre 30 000 et 40 000 DA à Alger et un peu moins à l'intérieur du pays”, a-t-il expliqué. Souhila H.