Photo : Sahel Par Salah Benreguia Pourtant, les pouvoirs publics ont alloué 15 millions de dinars à chacun des postulants. Une sorte de prime pour «leur investissement» dans la quête des voix. Cette somme est jugée très insuffisante. La cause ? La campagne électorale de 2009, de l'avis des représentants des candidats coûte cher. A entendre ce constat, une série de questions viennent à l'esprit. Les candidats à l'élection présidentielle de 2009 ont-ils, tous, perçu la somme allouée par les pouvoirs publics ? Débloquer la somme indiquée deux jours avant le commencement de la campagne ne pénalise-t-il pas, dans certains cas, certains candidats ? Comment alors les concernés font-ils face aux dépenses durant cette campagne vu l'insuffisance de la somme allouée ? Les candidats ont-ils fait appel à certains opérateurs économiques afin qu'ils mettent la main à la poche en contrepartie d'un grand projet ou d'un allègement fiscal, une fois le candidat élu ? Les reproches des candidats Interrogés à ce sujet, les représentants des candidats à la présidentielle ne mâchent pas leurs mots en pointant du doigt les pouvoirs publics, à leur tête la commission que préside M. Teguia. Sachant préalablement que l'argent est d'autant plus important qu'il est susceptible d'influer lourdement sur la manière dont le candidat pourrait mener campagne, les représentants des candidats accusent, de prime abord, le retard mis par l'Etat à débloquer la somme allouée. En effet, les pouvoirs publics n'ont débloqué la somme exigée que 48 heures seulement avant le commencement de la campagne électorale. «Les préparatifs d'une campagne électorale, présidentielle de surcroît, commencent bien avant. Un parti comme le nôtre a un immense programme et nécessite des sommes colossales. Pourquoi ce retard dans l'attribution de cette allocation ?» s'interroge d'emblée M. Tazbit, membre de la direction nationale du Parti des travailleurs, joint au téléphone. Plus incisif, celui-ci a affirmé que les 15 millions de dinars en question ne pourront en aucun cas couvrir toutes les dépenses de la campagne du PT. Il en veut pour preuve le fait que le tirage du programme de Louisa Hanoune a coûté plus de… 1,5 milliard de centimes. «On ne peut pas organiser une campagne électorale à la présidentielle avec seulement 15 millions de dinars de subvention. C'est très insuffisant. L'impression du programme à elle seule a coûté plus que la somme allouée par les pouvoirs publics. 2,5 millions d'exemplaires du programme de notre candidate ont été imprimés. C'est un dossier de 32 pages contenant touts les détails de sa campagne», dira-t-il. Tout compte fait, précise la même source, les affiches ainsi que les déplacements, notamment par avion, augmentent davantage le coût de revient de cette manifestation électorale. Comment faire face à ces dépenses ? Le représentant de Louisa Hanoune affirmera que le PT, fort de son expérience, a pris les dispositions nécessaires. Des provisions budgétaires ont été prévues par ce parti, quoiqu'elles restent insuffisantes. «Afin d'y faire face, nous avons prévu chaque mois des provisions budgétaires. Mais elles restent très en deçà de nos besoins», juge-t-il. Nous lui avons demandé si des entreprises publiques ou privées ont fait des dons ou alloué des aides financières à son parti, la réponse du représentant du PT est la suivante : «Aucune entreprise privée n'est venue en aide à notre parti. C'est vrai qu'elles affichent les mêmes inquiétudes conomiques que les positions du PT, mais sans mettre la main à la poche», précisera-t-il. Mais il dira qu'il existe des entreprises publiques qui «travaillent» avec le PT, sans pour autant les citer ou expliquer la façon dont elles contribuent à cette campagne. Même son de cloche chez Aïssa Benmekki, directeur de campagne de parti Ahd 54. Ce dernier a exclu le recours de son parti au sponsoring. «Chez nous, le sponsoring implique l'allégeance», nous a-t-il déclaré. Pour M. Benmekki, des militants authentiques aident spontanément le parti de Fawzi Rebaïne. Il a par ailleurs laissé entendre que «les 15 millions de dinars accordés par l'Etat ne représentent rien devant les dépenses réelles». De son côté, le candidat indépendant, M. Mohamed Saïd, a carrément lancé un appel aux citoyens à lui venir en aide. Pour le staff de sa campagne, la subvention de l'Etat, récupérée deux jours avant la campagne, n'en couvre qu'une infime partie. «Le candidat se déplace par route, rarement en avion», précise une source proche du candidat. La majorité des permanences est ouverte grâce à l'aide des citoyens qui nous ont cédé, qui son local, qui son garage. La main invisible des opérateurs économiques La campagne électorale n'a pas encore tiré à sa fin que les problèmes de financement des candidats refont surface. Du côté des opérateurs économiques, aucun indice visible ne peut indiquer la moindre aide donnée à tel ou tel autre candidat. Sauf pour quelques-uns. En effet, certains hommes d'affaires, dont les entreprises sont connues par le commun des Algériens, s'affichent à côté d'un candidat. Un soutien, selon les observateurs de la scène politico-économique algéroise, entrepris en contrepartie de marchés et de projets. Pour la campagne électorale de 2009, la donne n'a pas changé. Le président sortant, et candidat pour la troisième fois à la présidentielle du 9 avril, s'est assuré du soutien de certains opérateurs algériens. Une source proche du patronat nous a laissé entendre que certains opérateurs économiques ont mis la main à la poche pour financer la campagne de Bouteflika.