Le ministre des Finances a annoncé, hier, à l'Assemblée nationale populaire, la révision prochaine à la hausse du capital minimum pour la création d'une banque, fixé actuellement à 500 millions de dinars. M. Abdelatif Benachenhou, répondant aux questions orales de certains députés, ne donne aucune précision sur le nouveau seuil exigé. La question est toujours à l'étude au niveau du gouvernement. Le professeur Benachenhou explique, techniquement, que les données ont complètement changé, 13 années après la fixation du capital minimum de 500 millions de dinars par la loi sur la monnaie et le crédit de 1990. L'argentier du pays, se basant sur l'évolution du taux de change du dinar par rapport au dollar, entre 1990 et 2003, a voulu expliquer le bien-fondé de cette nouvelle décision que le gouvernement s'apprête à mettre en œuvre. Le ministre des Finances souligne que le capital minimal exigé pour l'ouverture d'une banque est passé de 25 millions de dollars en 1990, lorsque le dollar valait 25 dinars, à 6 millions de dollars seulement en 2003. Le dollar vaut actuellement 80 dinars. Mais, d'aucuns estiment que l'explication n'est pas seulement technique. Elle est aussi politique. L'affaire Khalifa a révélé toute la fragilité de la supervision du système bancaire algérien. Le ministre des Finances a d'ailleurs mis l'accent sur la nécessité de renforcer la supervision des banques où la faiblesse du contrôle a facilité l'accès aux “brebis galeuses”. La faible participation des banques privées au financement de l'économie justifie, à elle seule, la mesure. M. Benachenhou, lors d'un séminaire organisé en marge de la 36e Foire internationale d'Alger, a adressé “un appel solennel” aux banques privées, notamment étrangères, de cesser de se limiter aux opérations de commerce extérieur, et de revoir à la hausse leur capital. Tirant les enseignements du krach d'El Khalifa Bank, le ministre des Finances avance, en outre, de nouvelles dispositions relatives aux gestionnaires des banques. “N'est pas banquier qui veut !”, a-t-il averti. Pour les gestionnaires des banques, il leur sera exigé “une formation et des compétences prouvées en matière bancaire”. Justement, ce qui est désormais un scandale financier, en l'occurrence l'affaire El Khalifa Bank, le ministre des Finances souligne que, par souci de transparence : “Toute la lumière sera faite sur les circonstances de cette affaire, et les responsabilités seront situées une fois l'enquête achevée”. Les autorités publiques semblent décidées de traquer Khalifa Abdelmoumène. Benachenhou, maîtrisant parfaitement le secteur, indique que dans le paysage bancaire national, composé actuellement de 6 banques publiques et de 16 banques privées, la part du secteur bancaire public dans les prestations bancaires demeure dominante avec 95% des crédits globaux accordés. Lesquelles banques drainent 90% de l'épargne. Sur un autre registre, le ministre soutient que la gestion du foncier, principal obstacle à l'investissement, va connaître des changements profonds en passant d'une “gestion administrative” à une “gestion économique”. “40% des terrains attribués dans les zones industrielles ne sont pas utilisés par les bénéficiaires”, affirme Benachenhou. Ce dernier ajoute que le gouvernement va “dégeler” le foncier, soit à travers la loi de finances 2004, soit par le biais d'un autre texte législatif. M. R.