C'est aujourd'hui que Benjamin Netanyahu devrait présenter son gouvernement à la Knesset, en remplacement de celui d'Ehud Olmert, le Premier ministre sortant. Le gouvernement de Netanyahu est très ancré à droite, malgré la présence en son sein du chef des travaillistes, Ehud Barak, qui a rallié la coalition tardivement et contre toute attente, et qui a obtenu de garder le portefeuille de la Défense. Composé du Likoud, un parti de la droite classique, d'Israël Beïtenou de l'extrême droite anti-arabe, des ultra-orthodoxes du Shass et peut-être d'autres petites formations de l'extrême droite religieuse, c'est le gouvernement le plus à droite qu'ait jamais eu le pays depuis sa création il y a 60 ans, si bien que le ralliement controversé des travaillistes divise leurs rangs et pose davantage de problèmes qu'il n'en résout. S'il ne fait aucun doute que le gouvernement de Netanyahu réussira son examen de passage devant la Knesset, étant entendu qu'il est porté par une coalition qui constitue une majorité assez confortable, sa stabilité n'est pas garantie pour autant. Trop de divergences caractérisent les forces en présence au sein du gouvernement et il n'est pas sûr que la coalition puisse survivre lorsqu'il faudra aborder les dossiers sensibles. Sans compter que parmi les 13 députés travaillistes, il y en a qui sont déjà réfractaires et s'opposent au ralliement de leur chef de file qu'ils n'hésitent pas à qualifier d'opportuniste. Le dossier le plus sensible et de loin le plus important, est celui du processus de paix israélo-palestinien. Même si le chef du gouvernement sortant, Ehud Olmert, et le président Shimon Peres ont tenté de rassurer l'opinion internationale à ce sujet, les intentions du nouvel exécutif et la politique qu'il compte mener inquiètent et ont déjà fait réagir l'Union européenne et la Maison-Blanche. Des deux côtés de l'Atlantique, on fait pression sur Tel-Aviv pour respecter les accords déjà conclus avec l'Autorité palestinienne et pour reprendre le processus de paix sur la base d'une solution à deux Etats passant par la création d'un Etat palestinien souverain. Or, Benjamin Netanyahu, qui a déjà présidé l'exécutif, a toujours rejeté cette éventualité, évoquant au mieux une “autonomie économique” aux contours flous et, de toute façon, inacceptable pour les Palestiniens. Exception faite des travaillistes et à un degré moindre du parti d'extrême droite d'Avigdor Lieberman, la majeure partie des composantes gouvernementales est sur la même position que le Premier ministre et son parti, le Likoud. Le deuxième dossier important, intimement lié au premier est celui de la menace iranienne. Malgré la position conciliante de Tel-Aviv à l'égard de la politique de la main tendue à l'Iran, initiée par Barack Obama, le problème reste extrêmement sensible en Israël et génère de très fortes tensions. D'ailleurs, des sources bien informées ont révélé que des affrontements indirects entre les deux puissances régionales ont eu lieu sur le terrain d'un pays tiers. L'aviation israélienne aurait effectué deux raids, en janvier et en février, sur le territoire soudanais et aurait détruit des colonnes de camions véhiculant des armes fournies par l'Iran et se dirigeant vers la bande de Gaza. La libération du soldat franco-israélien Shalit, retenu prisonnier par les forces palestiniennes du Hamas depuis 2006 constitue le troisième dossier à teneur médiatique élevée. Si l'on excepte la question iranienne considérée comme une menace réelle par l'ensemble de la classe politique israélienne, le traitement des autres dossiers ne fait pas consensus. C'est le cas en ce qui concerne la politique de colonisation, le statut de Jérusalem-Est, l'enseignement religieux dans l'école publique ou encore le mariage civil.