Une soixantaine de pays, qu'ils soient contributeurs de troupes ou simples voisins de l'Afghanistan, se retrouvent demain dans une vaste coalition. Les acteurs du conflit afghan, à l'exception des taliban, se réunissent demain à Londres pour fixer les objectifs à long terme dans le pays, en particulier le transfert du maintien de la sécurité et la délicate question de la réconciliation avec les insurgés. Une soixantaine de pays seront présents, qu'ils soient contributeurs de troupes ou simples voisins de l'Afghanistan. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton fera le voyage, ainsi que ses homologues français Bernard Kouchner et européen Catherine Ashton, tout comme le président afghan Hamid Karzaï et le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon. Le thème principal de la conférence concernera la «transition», c'est-à-dire le transfert progressif de la sécurité aux forces afghanes en cours de formation. Selon un projet de communiqué publié lundi dans le quotidien britannique The Times, Kaboul s'engagera à «prendre en charge et mener la majorité des opérations dans les régions à risques dans les trois ans» et à assumer directement la responsabilité de la sécurité «d'ici à cinq ans». C'est loin de l'ambition affichée en décembre par le président américain Barack Obama qui avait annoncé le début du rapatriement à partir de juillet 2011. La réunion pourrait évoquer un transfert des tâches de sécurité à la fin de cette année ou au début 2011, mais dans les seules régions les plus stables et «si les conditions sont remplies», selon le projet de communiqué. Aucun calendrier de retrait des alliés ne sera fourni, mais des «nouveaux chiffres» seront annoncés concernant un renforcement de l'armée et de la police afghanes, a indiqué lundi le Premier ministre Gordon Brown. Les 113.000 soldats étrangers stationnés en Afghanistan ont essuyé en 2009 des pertes record (520 morts). Face à un conflit qui semble s'enliser après plus de huit ans de guerre, le président Karzaï tentera de reprendre l'initiative en réunissant le maximum de soutien en faveur de sa nouvelle stratégie de «réconciliation» avec les taliban. Ce plan controversé propose argent et travail à ceux qui abandonneront la lutte armée. Les alliés devraient s'engager financièrement mais ils exigeront des garanties. «La question est de savoir s'ils sont prêts à... participer aux élections et cesser d'assassiner» leurs opposants, a averti vendredi le secrétaire américain à la Défense Robert Gates. Le président afghan devra de plus, rassurer ses alliés sur sa capacité à gouverner démocratiquement. Plus de cinq mois après sa réélection du 20 août marquée par des fraudes massives, Hamid Karzaï n'a toujours pas réussi à former son gouvernement au complet. Kaboul vient de plus de repousser de quatre mois les prochaines élections législatives. «On attend beaucoup du président Karzaï quand il viendra jeudi», a reconnu M.Brown. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a ainsi souligné lundi la nécessité de mettre fin au détournement de l'aide internationale. «Il est absolument essentiel que l'argent ne soit pas siphonné par la corruption», a-t-il relevé. Dans le prolongement d'une réunion régionale convoquée hier à Istanbul, la coopération entre l'Afghanistan et ses voisins sera abordée, avec pour objectif de «réaffirmer l'importance de la non-ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan», a indiqué un responsable britannique proche du dossier. L'Iran, invité, n'a pas confirmé sa participation. La conférence de Londres débutera à 09h15 GMT pour s'achever à 16h30 sur une conférence de presse. Elle sera suivie par une autre conférence internationale sur l'Afghanistan, qui devrait avoir lieu à Kaboul en mars ou avril.