Ancien membre du bureau politique ayant cautionné la candidature de Bouteflika en 1999, il explique ses choix et s'attaque aux opposants de Ali Benflis. Liberté : En tant qu'ancien membre du BP, ancien ministre, pourquoi réagissez-vous aujourd'hui aux attaques contre le FLN ? M. Ahmed Benfreha : C'est la façon avec laquelle ont réagi certains soi-disant membres du FLN aux résultats du huitième congrès du parti approuvés et légitimés par les congressistes. Cela fait des décennies (en dehors de la période de la Guerre de Libération) que je suis au FLN. J'ai vécu toutes les étapes traversées par le parti, j'ai assisté à tous les congrès, toutes les sessions du comité central et j'ai eu l'honneur et le privilège de présider le VIIe congrès, je n'ai jamais assisté à ce genre de dérives. Il y a eu des conflits de personnes et d'idées au sein du FLN, à l'époque du parti unique, il y a eu des contradictions, mais tout a été réglé par le débat à l'intérieur des structures. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. C'est pour cela que je suis révolté et indigné par le comportement de certains éléments qui n'ont pas trouvé leur compte à l'issue du huitième congrès. La plupart de ces gens qui contestent les résultats de ce dernier ont participé activement et ont approuvé toutes ses phases de préparation jusqu'à la clôture des travaux. Pourquoi, à votre avis, les contestataires s'opposent-ils à la nouvelle ligne du parti ? À mon avis, ce sont des problèmes qui sont strictement liés aux ambitions personnelles de ces gens. La question n'a rien à voir ni avec la légalité ni avec le débat d'idées qui est instauré au sein du parti. Il y a aussi la projection sur l'élection présidentielle de 2004 qui, pourtant, n'a été ni programmée à l'ordre du jour du dernier congrès, ni débattue. Êtes-vous l'un des partisans de la candidature du secrétaire général du FLN, Ali Benflis, à cette élection ? Mais c'est tout à fait normal qu'un parti comme le FLN, que certains voudraient mettre au service d'un candidat externe à ses structures, présente son propre candidat, qui est son premier responsable, à savoir le secrétaire général, tout en sachant que c'est le congrès extraordinaire qui va le décider. Les frères égarés continuent à vouloir imposer une candidature extérieure au FLN. Personnellement, Ali Benflis est le mieux placé, pas uniquement aux yeux des militants mais aussi aux yeux d'une bonne partie de l'opinion publique nationale, vu sa stature d'homme d'Etat, d'envergure nationale et internationale, et son expérience dans la gestion des affaires de l'Etat. Pourquoi ce choix n'avait pas été fait par le FLN auparavant ? Le pays traversait une situation de crise très douloureuse et c'est pour cela que le FLN a cautionné, en 1999, une candidature extrapartisane. Je dit extrapartisane parce que Bouteflika, à cette époque, n'était plus structuré. Vous étiez membre du bureau politique qui a donné la caution au président de la République. à quoi est dû ce changement ? Primo, je suis profondément déçu par le bilan du mandat de Bouteflika ; secondo, la situation du pays a évolué et le FLN a décidé d'être désormais maître de son destin à travers ses propres militants. Les observateurs de la scène politique se demandent si le discours de renouveau du FLN n'est pas le fruit d'une conjoncture… Ce n'est pas conjoncturel ! L'autonomie et l'indépendance du parti étaient un rêve que les militants voulaient réaliser depuis longtemps. Le temps est venu pour que la décision leur revienne. Ils veulent en finir avec la politique des influences extérieures. Je connais personnellement les gens qui ont mené les attaques honteuses contre les structures du parti, notamment les mouhafadhas de Mostaghanem, Sidi Bel Abbès et Mascara. Ce sont de véritables aventuriers, sans aucune conviction politique et prêts à tout pour réaliser leurs ambitions purement matérielles. S. R.