Le président pakistanais Asif Ali Zardari a promis hier de ne pas laisser son pays tomber aux mains des islamistes, alors que la communauté internationale s'inquiète de la progression des talibans dans la seule puissance nucléaire du monde musulman. “Des gens, à travers le monde, disent que le pays va se désintégrer”, a-t-il lancé à des milliers de partisans réunis à Garhi Khuda Bakhsh (sud), sur la tombe de son épouse, l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée le 27 décembre 2007 dans un attentat suicide perpétré, selon Islamabad, par les talibans pakistanais alliés au réseau islamiste Al-Qaïda. “Certains disent que les fondamentalistes vont diriger le pays, mais nous ne laisserons pas cela arriver, aussi longtemps que nous sommes en vie”, a ajouté M. Zardari. Il avait pour la première fois permis au public de l'accompagner devant le mausolée de son épouse depuis qu'il a été élu président par le Parlement en septembre 2008, après la victoire aux législatives de février du parti de Mme Bhutto. Les Etats-Unis, mais aussi l'Otan, ont placé le Pakistan au centre de leur lutte contre le terrorisme islamiste, estimant qu'Al-Qaïda a reconstitué ses forces dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, et que ces montagnes inexpugnables servent également de base arrière aux talibans afghans, soutenus par les talibans pakistanais. Le président américain Barack Obama a récemment estimé que les zones frontalières entre Pakistan et Afghanistan étaient devenues l'endroit le plus dangereux au monde pour les Américains et les Etats-Unis multiplient ces derniers mois les tirs de missiles visant Al-Qaïda dans les zones tribales pakistanaises. Islamabad est l'un des alliés-clés des Etats-Unis dans leur “guerre contre le terrorisme” depuis les attentats du 11 Septembre 2001, mais l'influence des talibans pakistanais, qui reprochent aux autorités d'“obéir” aux Américains, progresse depuis deux ans dans tout le pays. Ils mènent également une campagne sans précédent d'attentats — suicide pour la plupart — qui ont fait plus de 1 700 morts en un an et demi. R. I./Agences