Les avis durant cette campagne électorale à Béjaïa sont très partagés, quand ils ne donnent pas lieu à des débats passionnés. Entre ceux qui alignent les chiffres optimistes et ceux qui disent que rien n'a été fait, il doit y avoir sûrement un "juste milieu" qu'un minimum d'objectivité peut permettre de déceler. Les optimistes avancent le chiffre de 180 milliards de DA (120 en programme déconcentré et 60 en programme centralisé) dont a bénéficié la wilaya de Béjaïa durant les 8 dernières années. Ils vous parleront des1 100 km de routes réalisées ou renforcées, de la réalisation de 23 000 places pédagogiques à l'université de Béjaïa et de 8 600 lits dans les cités universitaires. Ils n'omettent pas d'ajouter que 10 lycées, 20 CEM, 392 classes, 67 cantines scolaires, 8 Cfpa, 76 infrastructures de jeunesse et 13 000 logements ont été réalisés durant cette même période. Les pessimistes vous avancent le taux de raccordement au gaz de ville qui, avec 25%, est l'un des plus faibles du pays. Ils évoquent la dégradation du réseau routier de la wilaya, l'enclavement des zones de montagne, le grand déficit en aménagement des cités populaires et la situation angoissante du secteur de la santé sous-équipé et insuffisamment couvert en médecins, particulièrement les spécialistes. Ces alarmistes, dans un raccourci évident et avec leur style sans appel, répètent inlassablement que la wilaya de Béjaïa accuse un grand retard économique, non sans préciser que cette situation est voulue par le pouvoir. Campagne électorale oblige, les réalistes s'interrogent : ces retards sont dus à quoi ? Avez-vous des indices de développement des 48 wilayas dans chaque secteur pour comparer valablement ? Ils préciseront qu'hormis le cas flagrant du gaz de ville, d'autres secteurs à Béjaïa se portent bien et même mieux que dans beaucoup de wilayas. À l'appui de leur optimisme, ils vous citeront l'université de Béjaïa qui est une belle réalisation, le système d'éducation a permis à la wilaya de se classer en seconde position nationale pour le bac, le système de formation professionnelle assez performant, les brillants résultats obtenus dans le secteur de la jeunesse et des sports. Déstabilisés par ces arguments, les critiques vont s'empresser de porter le débat vers d'autres aspects. Ils parleront du chômage, du manque d'investissements. Certes, répondront les décideurs, il est vrai qu'on peut mieux faire, mais il ne faut tout de même pas oublier que Béjaïa est quasiment leader national dans l'industrie agroalimentaire. La plupart des produits de consommation algériens sont fabriqués à Béjaïa (lait, dérivés, fromage, margarine, huile de table, eau minérale …). Pour les produits agricoles, la wilaya fournit beaucoup de régions en viandes blanches (77 000 quintaux en 2008), en œufs et autres produits tels que l'huile d'olive, le miel… Ces derniers avancent aussi la création durant ces dernières 8 années de 169 000 emplois dont 24% dans le BTPH, 22% dans le commerce et services, 21% dans l'agriculture, 22% dans divers autres secteurs et seulement 8% dans l'industrie. La population de la wilaya de Béjaïa suit avec un air détaché tout ce brouhaha entre les tenants de différentes thèses en présence. Le citoyen mesure dans sa vie quotidienne les manques, il n'est ni dupe ni victime résignée. De ses discours prônés à l'occasion notamment de l'élection du 9 avril, le citoyen regarde tout avec beaucoup de discernement. Que toutes les énergies convergent et travaillent pour le bien de la wilaya semble être le leitmotiv des différents acteurs sur le terrain. A. HAMMOUCHE