Au terme d'une campagne électorale éreintante qui l'a vu sillonner plus de 40 wilayas, le candidat Moussa Touati a lancé un appel apitoyant aux fonctionnaires pour ne pas triturer les suffrages des algériens. “Laissez le peuple algérien, une fois au moins, s'exprimer en toute liberté. Soyez du côté de la justice. Laissez-nous construire notre pays”, les a-t-il conjurés hier à la salle Harcha (Alger) où il a animé son dernier meeting électoral. Et il ne s'est pas fait prier pour se répandre en critiques acerbes à l'endroit de cette même administration invitée à la neutralité, à qui il a reproché un flagrant parti pris le long de la campagne électorale en faveur du candidat du pouvoir, c'est-à-dire Abdelaziz Bouteflika qu'il n'a toutefois jamais cité. Sur un ton plaisantin, Moussa Touati a soutenu : “nous lui donnons gratuitement et d'avance 10% des suffrages. Mais qu'on nous laisse le reste et que la transparence prévale.” Au passage, il a de nouveau vivement interpellé les pouvoirs publics pour payer les surveillants des partis politiques qui contrôleront l'opération de vote pour une plus grande transparence de la prochaine élection présidentielle. Pour être en accord avec son discours électoral aux accents plébéiens, Moussa Touati, qui s'est intronisé comme “candidat des pauvres”, est monté sur ses grands chevaux pour dénoncer avec une rare virulence la cherté de la vie et l'appauvrissement effarent du peuple algérien nés de la dégradation de la situation socioéconomique du pays. C'est une hérésie, à ses yeux, qu'un pays comme l'Algérie importe 70% de ses denrées alimentaires. Chose qui lui a fait dire que “nous ne sommes pas en sécurité”. “L'Algérie ne mérite pas ça”, a-t-il déploré. Bien remonté contre les responsables de cette situation, c'est-à-dire les tenants du système, Moussa Touati est allé jusqu'à douter de leur patriotisme. “Ce sont des gens qui n'aiment pas leur pays et qui ont peur d'affronter le peuple”, vocifère-t-il. Justifiant sa candidature à une élection présidentielle que d'aucuns ont présentée comme jouée d'avance, le candidat du FNA a soutenu s'être présenté pour mettre le holà à 46 ans de marginalisation du peuple algérien. “Nous voulons réaliser un changement en rendant l'Algérie à tous les algériens quelle que soit leur origine sociale”, a-t-il soutenu. Pour donner corps à cette ambition, le candidat Touati a exhorté les algériens à ne pas assister en spectateurs devant la situation dramatique à laquelle fait face le pays en faisant usage de l'arme du vote. “Le temps est venu pour imposer le changement par les urnes”, a-t-il relevé avant d'avertir que “l'Algérie est à la croisée des chemins”. Et d'enchaîner : “ou on rend au peuple sa souveraineté ou c'est le régime aristocratique qui s'instaurera.” Et pour titiller l'ego des jeunes algériens, Touati a dit ne voir aucune différence entre un jeune qui, en votant le 9 avril, rendra au peuple sa souveraineté et son aîné qui, en 1954, était monté au maquis pour libérer la patrie. Il est à signaler qu'un groupe d'observateurs étrangers de l'Union africaine et de la ligue arabe ont assisté au meeting de Moussa Touati qui a connu une affluence moyenne. Arab CHIH