Se considérant comme la deuxième force politique du pays, le Front national algérien, qui totalise des centaines d'élus locaux et une quinzaine de députés, a décidé de présenter, pour la deuxième fois, son président à la course pour la présidentielle. Moussa Touati était donc le premier à se déclarer candidat et, également, le premier à déposer son dossier de candidature au Conseil constitutionnel. Un test qu'il réussira sans encombre. Il était très confiant. Puis, vint la campagne électorale. Il se mettra à sillonner le pays, animant meeting sur meeting. Faisant au début dans la pédagogie pour expliquer son programme, il fera monter le ton au fil des jours. Il deviendra plus virulent et ne tarira pas d'attaques à l'encontre des fonctionnaires de l'Etat qui ont fait dans le zèle, allant jusqu'à menacer, selon Moussa Touati, à contraindre les employés (auxquels ils accorderont une journée de congé payé) à assister aux meetings du Président sortant et non moins candidat pour un troisième mandat. Le candidat du FNA s'est, également, évertué tout au long de la campagne à se présenter en victime expiatoire, en candidat pauvre n'ayant pas les moyens de sa politique, autre que les voix que pourraient bien lui donner ses militants et ses sympathisants, ainsi que ceux qu'il aurait convaincus de son programme. D'aucuns, qui ont suivi les interventions de Moussa Touati dans les meetings, ont eu cette impression que le candidat n'avait pour seul et unique adversaire que Abdelaziz Bouteflika. D'où ses appels incessants pour le changement de politique. Il a même fait dans le populisme en promettant monts et merveilles aux chômeurs, dont l'indemnité de chômage. Il créera, cependant, la surprise en annonçant samedi dernier dans une conférence de presse, que le taux de participation le jour du scrutin ne dépassera pas les 40%. Une forte abstention qu'il a justifiée par les conditions socio-économiques déployables des Algériens, en plus de la contrainte qui leur a été faite d'assister, obligatoirement, aux meetings de Bouteflika en mettant, selon Moussa Touati, à leur disposition les moyens de transport de l'Etat. Paradoxalement, c'est à partir de la salle Harcha qu'il appellera ces mêmes Algériens à voter en masse, et à une élection honnête et transparente. A l'adresse des gouvernants, il lancera : «Laissez le peuple, ne serait-ce qu'une fois, dire son mot et imposer sa volonté. Laissez les jeunes bâtir leur pays et opérer le changement», convaincu qu'il était de faire une razzia. Mais les urnes en auront décidé autrement. F. A.