Il est étrange de constater que juste après l'annonce de l'effacement de l'ardoise des agriculteurs, les prix des fruits et légumes ont littéralement bondi. La pomme de terre, qui représente un enjeu d'importance, a vu son prix de détail tripler en l'espace de trois mois. Il semble bien qu'il y ait spéculation, puisque la pomme de terre d'arrière-saison coûtait sur place entre 15 et 17 DA/kg en novembre-décembre et le prix de détail variait entre 30 et 45 DA. Comment expliquer celui qu'on retrouve, affiché sans vergogne le plus souvent, et qui varie entre 85 et 100 DA ? Il semblerait bien que les spéculateurs ont pensé racheter cette pomme de terre abondante d'arrière-saison afin de l'entreposer dans les chambres froides, ce que prouvent les plaques de moisissures qui garnissent les parties touchées au moment de la récolte sur de nombreux tubercules. Si les oignons secs sont cédés entre 45 et 50 DA/kg parfois, on pourrait justifier ces prix par le coût de la mise en chambre froide et la raréfaction saisonnière puisque pour l'heure, le plus facile à trouver c'est l'oignon vert, mais que le cerfeuil atteigne le prix de 150 DA/kg, la carotte 45, les navets 45-60 et les oranges sanguines minuscules 50 DA/kg, cela prouve que rien ne va plus. Où sont donc les mesures du Syrpalac destinées à stabiliser et réguler le marché ? La récolte précoce de la région ouest (Mostaganem, Mascara, Aïn Defla, etc.) pourrait voler au secours des responsables de l'agriculture nationale, associée à celle de la région est. Il semble que des récoltes de plus de 50 à 60 tonnes journalières sont réalisées dans la région de Mostaganem, presque totalement acheminées vers l'Algérois. En attendant des convois lourdement chargés de patates en provenance de la région est du pays. Le pouvoir d'achat des plus démunis en a pris un sérieux coup puisque même les légumes secs coûtent désormais plus cher. Fin 2007, le prix du kilogramme de lentilles ou de pois cassés coûtait 45 DA en général, mais début 2008, le prix est passé d'abord à 75 DA pour se stabiliser à 90 DA. On peut toujours justifier cette flambée par l'inflation importée, mais les prix des viandes ovines ou bovines ont augmenté aussi, entraînant celui de la viande congelée qui coûte désormais 500 DA le kilo, pour la viande bovine congelée importée, tout comme le poisson congelé qui a suivi la même courbe ascendante. Le poisson frais est désormais inabordable et pas seulement le rouget ou le merlan. La sardine, appelée dans le temps blé de la mer par les pêcheurs, car elle s'écoulait pour pas cher et fournissait d'excellentes protéines aux plus démunis, est devenue, de même que l'anchois ou la vulgaire allache, hors de portée des bourses, petites ou même moyennes, à 250 et même 350 DA/kg.